David Wolle

Né en 1969.
Vit et travaille à Villefranche sur Saône, France

Présentation

La peinture de David Wolle relève du registre de la représentation sans jamais se référer directement au réel. Deux procédés permettent à l'artiste de personnifier ses motifs imaginaires, de leur conférer la même présence qu'un objet, une figure, un portrait. D'une part, Wolle les inscrit et les détache sur un fond panoramique comme autant de décalcomanies : le motif flotte, à la dérive, dans des atmosphères ou paysages incertains. D'autre part, il les élabore en amont du tableau, autrefois grâce à de petites maquettes fabriquées en pâte à modeler, à présent sur l'ordinateur par des jeux d'incrustation et d'altération d'images. Dans le travail du pinceau sur la toile, quelque chose perdure de ces pratiques ludiques : la tangibilité du modelage, les prélèvements et découpes du collage numérique.

De ses motifs inventés, Wolle transpose sur la toile leur statut, leurs surfaces et leurs matières ambigus : entre architecture et organismes vivants, pièce pâtissière et vaisselle rococo, ses formes étranges et mou- vantes semblent constituées de la pâte même de la peinture. La fluidité de cette dernière, sa ductilité et ses couleurs acidulées mais instables, incarnent le sujet jusqu'à le conduire au seuil d'une difformité déliquescente et monstrueuse. Car si la virtuosité de la technique de la peinture à l'huile se met au service d'une affirmation de l'acte pictural comme représentation, c'est pour mieux explorer les confins de la vraisemblance et porter le sujet à la limite de sa propre disparition. Les tableaux de Wolle dépeignent ce qui n'existe pas encore : c'est le processus même de l'invention du vivant que la mimesis met en œuvre sur la toile.

Anne Giffon-Selle - 2015


David Wolle confectionne de petits objets de plâtre, non identifiables comme tels mais qui rappellent vaguement des objets qui pourraient appartenir à la réalité dès lors que, agrandis, il les représente sur le tableau. Il y a dès lors comme un traitement hyperréaliste de ce motif improbable et abstrait. Les formats sont modestes, incertains, groupés, adaptés au sujet dont ils soulignent la forme massive ou au contraire allongée. De près, les effets de lumière, saisissant de loin, révèlent les traces du pinceau qui se dénoncent, ce qui est assez indiquer combien cette oeuvre tend à nous parler de - et nous plonger dans la - peinture.

Nous en parler mais pour perturber celui qui cherche à nommer ce qu'il regarde. S'agit-il d'avatars de statuaires ici - dégoulinant au demeurant de peinture épaisse - d'illusion de bagages là, à moins qu'il ne s'agisse simplement d'un volume compact, rythmé par des monochromes géométriques, des figurines lettriques, par ailleurs ? Les titres, à la fois familiers et sibyllins, marquent cette volonté de ne présenter du réel qu'un univers que l'on ne saurait voir qu'en peinture. Au-delà de la couleur, le plâtre qui sert à confectionner les petites sculptures peintes ensuite, subit quantité de fantaisies qui font penser soit à des formes organiques, soit à un anthropomorphisme débridé, soit à l'enluminure libre. Il y a quelque chose à voir mais ce que l'on voit défie le langage qui cherche à l'abstraire et se l'approprier, de même que l'oeil cherche à se rassasier.

La production de David Wolle rappelle que la peinture n'est pas qu'un objet de reconnaissance du réel mais bien de connaissance de ce qui nous unit à lui et qui peut esquisser un pas de côté par rapport à la pensée verbale. Elle est frustrante en ce sens qu'on en redemande. Il importait que ce fût dit.

BTN in l'Art Vues, mai 2006
David Wolle peint délibérément de petits tableaux insolites d'où émane la sensation d'une inquiétante étrangeté, d'autant plus inquiétante que leurs titres et ce qu'ils représentent nous portent de prime abord à sourire. On songe à nos rêves enfantins, à nos envies de banquets dans des palais-gâteaux aux formes alléchantes, à des architectures de guimauves à dévorer, à des agrégats orgiaques de pastilles et de crèmes, à des bretzels caramélisés. Mais ces goûters fastueux à l'instar des festins libertins du XVIIIe siècle nous annoncent les désenchantements et les désillusions des lendemains de fête, des aubes d'après ripailles. Ces crèmes bleues et roses, ces montagnes neigeuses de Chantilly où s'engluent des pastilles acidulées, s'affaissent en rejets visqueux, se liquéfient en flaques de vomissures ignobles.

Tout soudain se défait leur beauté si décorative. Nous chavirons, écoeurés, jusqu'à tourner de l'œil. Mais alors que nous commençons à ressentir, en face de ces constructions molles, comme Claudel devant les natures mortes hollandaises, l'emprise implacable et inexorable du temps défaisant leurs agencements raffinés, la peinture reprend ses droits et impose, sur son fil du rasoir, un équilibre entre la jubilation et la mélancolie. Parce que David Wolle peint à l'ancienne avec une effarante modernité. Il porte presqu'au trompe-l'œil par le jeu, dans la perspective rigoureuse de ses mises en scène, des valeurs colorées et lumineuses, ses savantes constructions de pâtisseries et de confiseries incertaines. Il use d'une coloration claire et suave, passée en couches légères qui lui octroient les transparences du lavis. Cette coloration nous rappelle le chromatisme émaillé d'un Bronzino et de quelques peintres maniéristes, mais accommodé à la sauce de la séduction des coloriages pop, ceux de Mel Ramos ou de David Hockney. Ou, plutôt à celle, tout aussi séduisante, des gammes légères, pastellisées et fades, des lactescences mortifères et cryogéniques de certaines peintures et vidéos de Matthew Barney.

Chez qui s'attarde devant ces bâtis crémeux, si fermement architecturés dans leur douce mollesse, se lèvent bien d'autres réminiscences. David Wolle semble y avoir condensé et cristallisé les composants de son musée imaginaire. On peut voir, c'est selon, dans ses œuvres une sorte de reprise pop et postmoderne de Fautrier. Mais dont les "cataplasmes de vomissures" auraient la légéreté des beignets soufflés de crevettes chinois aux saveurs innervantes. On se laisse aller encore à évoquer les paysages lunaires de Tanguy peuplés de formes cartilagineuses, mais aussi les formes molles et médusantes de Dali, voire l'onirisme antique et tragique de Chirico. On peut tout aussi bien se remémorer ces "vues" de ville idéales qu'aimaient à figurer les intarsiatori de la Renaissance dans le sillage des propositions urbanistes de Laurana et de Francesco di Giorgio Martini, prémices inquiétantes de ces architectures panoptiques et totalitaires dans lesquelles les deux monstres calamiteux du XXe siècle, le fascisme et le communisme, ont voulu esthétiser le réel. On en sait le contrepoint infernal. Les architectures de David Wolle figurent une réponse "enfantine" au cauchemar. Un chant d'oiseau ? Elles s'enchantent en n'esquivant pas le désenchantement qui adviendra et sera sans recours. D'où ces titres comme extraits de comptines, de murmures d'enfants, une expression par onomatopées en quelque sorte infans, une langue secrète, comme pour exorciser les législations terrorisantes de la destruction de l'espèce humaine.

David Wolle incarne d'abord ses formes pâtissières dans de la pâte à modeler. Puis peint, "portraitise", en quelque sorte, ses petites sculptures. Une fois figurées sur la toile, il les détruit. Comme le fait un enfant bâtisseur de châteaux et de palais de cubes, de sable, de carton, etc. Ses peintures sont belles. C'est ainsi.


Bernard Ceysson
Expositions monographiques à la galerie
David Wolle, Saint-Etienne
22 janvier - 05 mars 2022

David Wolle, Saint-Etienne
18 mai - 23 juillet 2017

David Wolle, Luxembourg
06 juin - 02 août 2015

David Wolle, Paris
28 mars - 11 mai 2013

David Wolle, Saint-Etienne
06 septembre - 22 décembre 2012

David Wolle, Luxembourg
10 novembre 2011 - 07 janvier 2012

David Wolle, Luxembourg
03 mars - 01 mai 2010

David Wolle, Saint-Etienne
11 décembre 2008 - 25 janvier 2009


Expositions de groupe à la galerie
Printemps Saint-Étienne, Saint-Etienne
12 juin - 25 juillet 2020

10 ANS à Luxembourg, Wandhaff
02 juin - 04 août 2018

Bagarre Générale - 5 Ans, Saint-Etienne
24 mars - 15 mai 2011


Expositions personnelles

2017
a Expon Poupeinsky, Galerie Ceysson & Bénetière, Saint-Etienne, France

2016
L'instar, URDLA, Villeurbanne, France

2015
David Wolle, Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg,
Le Pan, la Pente / C.A.P, Saint-Fons, France

2014
ArtGenève-Solo show, Galerie Bernard Ceysson, Genève, Suisse
Adaptive Daydreaming / Galerie Vasistas, Montpellier, France

2013
Galerie Bernard Ceysson, Paris, France

2012
The Fantasy Land - Works by David Wolle, Tap Seac Gallery, Macao, Chine

2011
Docks Art Fair, Lyon, France
Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg, Luxembourg

2010
Galerie Bernard Ceysson Luxembourg, Luxembourg
Musée Paul Dini, Villefranche-sur- Saône, France

2008
Galerie Bernard Ceysson Saint-Étienne, France
FRAC, Languedoc-Roussillon, Montpellier, France

Expositions collectives
2020
Printemps , Galerie Ceysson & Bénétière, Saint-Étienne, France

2016
Painting in oil is very difficult, Galerie Derouillon, Paris, France
Drawing Room 016, La Panacée, Galerie Vasistas, Montpellier, France
Abstractions, un été contemporain,, Musée Paul Dini, Villefranche/Saône, France

2015
Foto Malgrado, Galerie Vasistas, Montpellier, France
Cherchez Alice !, Centre de sculpture romane du maitre de Cabestany, Cabestany, France

2014
Les esthétiques d'un monde désenchanté, C.A.C Meymac, Meymac, France
L'Oeil et le coeur 2, Carré Sainte-Anne, Montpellier, France

2013
Histoire d'objets, collège Voie Domitienne, Le Crès, France

2011
Que ton aliment soit ta seule médecine !, Lycée Auguste-Loubatières, Agde, France
Zanda 5, Anciens locaux de l'école des Beaux-Arts, Saint-Etienne, France
Bagarre générale, Galerie Bernard Ceysson, Saint-Etienne, France
Déplacement, Ecole Sarah Bernhardt, Montpellier, France

2010
Le Choix d'un collectionneur, Musée Paul Dini, Villefranche sur Saône, France
Programme Libre, Galerie Vasistas, Montpellier, France
ArtPars, Galerie Bernard Ceysson, Paris, France
Chassé Croisé, FRAC Languedoc-Roussillon, Montpellier, France

2009
Supervue 009, Hôtel Burrhus, Vaison-la-Romaine, France
ArtElysée, Galerie Bernard Ceysson, Paris, France
Air de Mende, choix d'oeuvres du Languedoc-Roussillon, Mende, France

2008
La dégelée de Rabelais, Galerie Vasistas, Montpellier, France
ArtParis, Galerie Bernard Ceysson, Paris, France

2007
50 artistes de Rhône Alpes, Musée Paul Dini, Villefranche sur Saône, France
Les Elysées de l'Art, Galerie Bernard Ceysson, Paris, France

2006
La Serre, Ecole des Beaux Arts de Saint-Etienne, France
Bagarre Générale, Galerie Bernard Ceysson, Saint-Etienne, France


Collections publiques
Fonds National d'Art Contemporain, Paris, France
FRAC Languedoc-Roussillon, Montpellier, France
Musée Paul Dini, Villefranche sur Saône, France
2015
The Drawer - vol.8, Le Banquet, mars 2015

2014
The Drawer, vol.7, Le rire - la collection Laurent Goumarre, Winter 2014
L'œil et le Cœur 2. Traits d'esprit dans les collections montpelliéraines, 2014

2012
The Fantasy Land. Works by David Wolle, catalogue, Le French May, Macao, 2012

2009
Offshore, oct-nov-déc. 2009, Entretien - http://offshore-revue.fr/documents/guarino_21.pdf
LA TRIBUNE LE PROGRÈS - David Wolle, cet artistequi « bricole » la réalité - 2017
LA TRIBUNE LE PROGRÈS - Christelle Lalanne
15 juillet 2017
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LA TRIBUNE LE PROGRÈS - David Wolle - 2017
LA TRIBUNE LE PROGRÈS - Clément Goutelle
07 juin 2017
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David Wolle - a Expon : Poupeinsky
David Wolle - a Expon : Poupeinsky
15 juillet 2017