Patrick Condouret

Biographie

Il est né en 1965. Il vit et travaille à saint-Etienne.



Le festin de l’araignée
Par Pierre Tillet

« Quel est le schème de l'araignée ? Le schème de l’araignée c'est sa toile, et sa toile c’est la manière dont elle occupe l’espace et le temps. […] Il y a des cas d’araignées très extraordinaires où lorsque vous les mutilez d’une patte qui ne sert pourtant pas à la confection, elles font des toiles aberrantes par rapport à leur propre espèce, elles font des toiles pathologiques. » Cours de Gilles Deleuze consacré à Kant, Université Paris VIII-Vincennes, 4 avril 1978.
On peut associer à l’oeuvre de Patrick Condouret l’image de la toile d’araignée. Comme dans la toile d’araignée, la ligne est l’élément premier auquel s’attache l’artiste, qui la décline sous toutes ses formes : le trait, le fil, le linéament, le noeud, le lien, le rapport, la mise en rapport, l’intersection, le filet, la hachure, la strie, l’arabesque… Ces caractéristiques se trouvent dans les trois registres qu’explore Patrick Condouret. Soit l’installation, la sculpture et les oeuvres sur papier. Par installations, on désigne ses interventions dans des espaces d’exposition où il amarre des matériaux divers – mais toujours filiformes – à l’architecture. Ce sont des cordes, des piquets, des tuyaux, des branchages, des tasseaux, des tubes, des fragments d’étendage à linge, des grillages, des cintres, des cartons évidés dont il ne reste que les arêtes, peintes de différentes couleurs, etc. Assemblés selon une logique d’associations libres de formes, de couleurs et de matériaux, ces objets forment des structures qui envahissent l’espace en le parasitant, qui se greffent sur le volume architectural en lui donnant une nouvelle orientation. Ces structures sont flottantes et ajourées, attachées par des liens invisibles à des escaliers, des rambardes, des poutres ou des poteaux. Chacune est semblable à un mikado géant, dont les éléments auraient été saisis d’un seul geste puis jetés en l’air, où ils seraient restés suspendus.
Les interventions de Patrick Condouret, que l’on pourrait qualifier de sculptures all around (comme on parle de all over en peinture), ont une qualité graphique comparable à celle des toiles d’araignées. Mais contrairement à ces dernières, elles se déploient dans trois dimensions (1) et leur régularité est constamment remise en question par la propension de l’artiste à créer du chaos. Comme les toiles d’araignée, elles sont en prise avec l’espace investi, ce qui les place à l’opposé de la sculpture nomade, mais aussi de la sculpture marchande - celle de la circulation des biens déplaçables (2). Monumentales et sous tension, elles jouent avec le vide et présentent des variations de densité, selon la disposition des matériaux enchevêtrés. Enfin, ces junk sculptures aux limites incertaines, dans lesquelles les objets sont déstructurés pour empêcher leur identification, sont également éphémères. Leur rapport au temps prend d’ailleurs un caractère particulier lorsque Patrick Condouret les conçoit pour l’extérieur. Elles deviennent alors des tuteurs pour des plantes grimpantes (capucines, haricots d’Espagne…), qui les envahissent jusqu’à les faire quasiment disparaître en générant des formes nouvelles.
On retrouve la dimension aérienne des installations de Patrick Condouret dans la plupart de ses sculptures « transportables ». Celles-ci sont constituées d’une corde enroulée dans un réseau de fils de soie, évoquant une sorte de nasse (Relief, 2000), de bâtons de sucettes colorés construisant des tétraèdres dans l’espace et reliés les uns aux autres par des fils de nylon (Flying sculpture, 2002), ou encore de fils métalliques recouverts de plastique coloré, formant des cercles qui se répètent dans l’espace donnant lieu à des effets cinétiques (Flying sculpture, 2001-2002). Et même lorsqu’il réalise des sculptures closes sur elles-mêmes, comme ses constructions résultant de l’assemblage hésitant de planches de bois, fixées au mur ou au bout d’un piquet, il trouve le moyen de peindre sur leur surface des lignes qui s’entrecroisent. Une manière pour lui d’introduire des représentations de vide à la surface de volumes pleins. Du même ordre sont les plaques de polystyrène sur laquelle Patrick Condouret a laissé coulé de la peinture d’un ton gris bleu en créant une sorte de grille. Sauf qu’ici, il a accentué les vides de cette grille en les creusant au fer à souder, en faisant fondre le matériau. Le réseau de lignes n’en ressort que plus fortement dans cette oeuvre, qui compte parmi les plus proches de la peinture que l’on puisse trouver chez l’artiste.
Abstraites en ce sens qu’elles ne représentent rien, mais d’aspect réaliste dans la mesure où elles reposent sur l’utilisation de matériaux concrets, les sculptures de Patrick Condouret ne sont ni discursives, ni critiques comme la sculpture pouvait l’être dans les années 70 (critique de la consommation, critique féministe, critique psychanalytique…).
Leur programme est visuel, même s’il leur arrive de tendre vers l’objet, comme cette sorte de casier à poisson de couleur turquoise, reposant sur deux bras métalliques articulés, qui peut aussi évoquer la forme d’une bétonnière ajourée. Mais cette visualité, cette dimension rétinienne ne sont pas synonymes de clarté dans l’appréhension des formes. Les sculptures de Patrick Condouret comportent parfois des pièges perceptifs, en particulier dans la série des Dessins-reliefs. Ainsi, Dessin-relief # 2 (2002) est un ensemble de fines branches d’acacia posées contre le mur et dont les extrémités sont courbées, tendues par un tissage de fil de soie noués sur le bois. La particularité de ces « épuisettes » (3) – renvoyant au tissage de l’araignée – est qu’elles sont redoublées par des lignes tracées au mur, qu’il est difficile de dissocier des fils réels. De même, Dessinrelief # 4 (2001-2002) est constitué de tubes fins de PVC, percés de trous infimes, qui semblent se disséminer sur le mur auquel l’oeuvre est adossée. En fait, il n’y a pas de trous au mur, mais des points, des images de trous.
Les passages du réel au représenté et vice-versa – des pièges pour le regard – sont également fréquents dans les oeuvres sur papier de Patrick Condouret. Ce sont des dessins dans lesquels le trait cède la place au fil cousu, sans qu’on puisse discerner où s’arrête l’un et où commence l’autre. Dans d’autres dessins, dont certains font penser au tartan écossais, un analogue de ce jeu optique (de cet illusionnisme) est développé par des collages et des découpages, qui créent des effets de relief ou de profondeur indissociables du relief ou de la profondeur représentés. La recherche d’intégration et de mise en relation des parties aboutit ici à une interpénétration des formes, liées les unes aux autres. Nouer, attacher, relier pour mieux capter : autant de facettes de l’activité de Patrick Condouret.
Expositions monographiques à la galerie
Patrick Condouret, Saint-Etienne
05 décembre 2013 - 02 février 2014

Patrick Condouret, Luxembourg
08 septembre - 05 novembre 2011


Expositions à venir (sélection)
2014 Débordements, exposition à la collégiale St-Pierre-le-Puellier à Orléans, du 25/07 au 24/08

2014 La nuit je fuis par monts par vaux et merveilles, exposition à l’Arboretum, à Argenton-sur-Creuse, vernissage le 20/09

Expositions personnelles (sélection)
2013 Double jeu, La Spirale, Espace d’exposition du Toboggan, Décines

2011 Around up and down, Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg

2010 J’aime l’ennui, No limit N°6, La Vigie, Nîmes

2008 Hole over, Galerie Municipale Julio Gonzalez, Arcueil

2007 Sous les arbres de Judée, L’Atelier Blanc, Villefranche de Rouergue Taking place, Lycée Victor Hugo, Hennebont 2006 Ce qui nous distingue des oiseaux, la Serre, Lycée horticole, Blois
Galerie L’Agart, Amilly, P. Condouret, L. Mazuy
L’art dans les chapelles, quinzième édition, Pays de Pontivy Chapelle Saint-Adrien, Saint Barthélémy Vers les Crêts, vers La Farge, Canton de Saint-Symphorien-de-Lay, CoPLER

2005 L’art dans les chapelles, quatorzième édition, Pays de Pontivy
Chapelle Saint-Adrien, Saint-Barthélémy Enclos de la chapelle Sainte-Noyale, Noyal-Pontivy A l’ouest, Espace Vallès, Saint-Martin d’Hères
Zaruk, badan et balam, Galerie du Haut-Pavé, carte blanche accordée à
Olivier Delavallade, Paris

2003 Les Mars de l’art contemporain, P. Condouret, R. Jacquier,
Galerie Claire Gastaud, Clermont-Ferrand
Ecce Homo, Centre d’art contemporain en collaboration avec le
Musée d’Assier, Feurs Dessins, sculptures, Hall Prince de la Charité, Lyon

2002 Hand made!, Galerie Confluence(s), Lyon
Flying sculptures et ho lala dessin, CRDP, Poitiers

2000 Yo, Groupe d’art contemporain, Annonay Racines, Galerie Art Dealer, Saint-Etienne

Expositions collectives (sélection)

2013 Sous l'Amazone coule un fleuve, 40 artistes de la collection du FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand

2012 Ouvertures d’ateliers d’artistes, 14ème edition, Château de Servières, Marseille

2011 Local Line # 7, Fondation Bullukian, Lyon, en partenariat avec le Musée d’Art
Moderne de Saint-Etienne Métropole
“Donnez-moi un musée, je le remplirai” P. Picasso, Hommage à Christian Calligarot,
Galerie Confluence(s), Lyon

2009 Bagarre générale, dessins, Galerie Bernard Ceysson, Saint-Etienne
Scènes de ménage, Galerie du Haut Pavé, Paris
L’attraction de l’espace, au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau, Musée d’Art
Moderne de Saint-Etienne Métropole

2008 Première, 110/COUR, Saint-Etienne
Extra, Halles de Cahors / Garage Donadieu, Cahors
Champs d’expériences, le 19, Centre Régional d’Art Contemporain, Montbéliard
Supervues 2008, 3 jours à l’Hôtel Burrhus, Vaison la Romaine

2007 Un point de vue, Bratislava/Saint-Etienne, Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne
Métropole, commissariat Lorand Hegyi, Philippe Roux Contemporain(s), présentation des acquisitions
Galerie Pierre Tal-Coat,
Artothèque, Hennebont

2006 MULTIPLES URDLA 3D, URDLA, Villeurbanne
Deuxième édition du Festival des jardins de rues, Esplanade du Bachut, Lyon De rendez-vous en rendez-vous, Galerie du Haut-Pavé, Paris
Acquisitions 2006, Le Ring, Artothèque, Nantes 2003 Le jaune de l’œuf - Das gelbe vom ei, Stadtturgallerie, Innsbruck

2002 Voyage d’hiver, URDLA, Villeurbanne 2001 Et + si affinité, Espace Vallès, Saint-Martin d’Hères

2000 …Ni l’un, ni l’autre… Rencontre # 16
D.Cabanes, P.Condouret, J.Laube, La Vigie, Nîmes

1999 Jardins secrets, Basserode, M. Boonma, P. Condouret
Musée de la Mine, Puits Couriot, Saint-Etienne

Résidences d’artiste
2007 Lycée Victor Hugo, Hennebont
2006 Amilly, Galerie L’Agart
2005 Bieuzy-les-eaux, Pays de Pontivy, dans le cadre de l’art dans les chapelles Saint-martin d’Hères, Espace Jules Vallès
2014 Parution du catalogue des expositions Débordements et La nuit je fuis par monts par vaux et merveilles, aux éditions Ceysson, avec les textes de Pauline Faure

2011 Local Line, Musée d’art moderne de Saint-Etienne Métropole
Tom Laurent, revue Art Absolument, septembre/octobre, N°43
Alexis Jakubowicz, Around up and down, Galerie Ceysson, Luxembourg
“Donnez-moi un musée, je le remplirai” P. Picasso, Galerie Confluence(s), Lyon

2010 Eric Suchère Champs d’expériences (L’art comme expérience), le 19, Centre
Régional d’Art Contemporain, Montbéliard
Pauline Faure, J’aime l’ennui, No Limit # 6, La Vigie, Nîmes

2008 Tristan Trémeau, Champs d’expériences, Art 21 Numéro 16
Pierre Tillet, Le festin de l’arraignée

2006 L’art dans les chapelles, quinzième édition, Pays de Pontivy Cédric Loire, Déplacements, prolifération et reflux à propos des œuvres de P. Condouret et L. Mazuy, Galerie L’Agart, Amilly

2005 L’art dans les chapelles, quatorzième édition, Pays de Pontivy
Tatiana Guesdon, Ouest France, 30 avril
Olivier Delavallade, Couper / coller, Saint-Martin d’Hères Danielle Maurel-Balmain, Le dessin et son double, Périphériques n° 47, Saint-Martin d’Hères
Jean-Louis Roux, Le dessin en trois dimensions, Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné

2004 La Vigie, Carnet de bord, 1996-2002, Nîmes 2003 Bruno Duborgel, Epuisettes du dessin, Hubert Besacier, Une sculpture autographe,
Centre d’Art Contemporain, Feurs
Les Mars de l’art contemporain, cinquième édition, Clermont-Ferrand Fabrice Treppoz, Le jaune de l’œuf – Das gelbe vom ei, Innsbruck 2002 Christian Eychène, Ils ont des yeux pour ne pas voir, galerie Confluence(s), Lyon

2001 Plaquette de l’exposition, Et + si affinité, Saint-Martin d’Hères Danielle Maurel-Balmain, Carnet de bal, Périphériques n°36, Saint-Martin d’Hères 2000 Françoise Le Roux, Groupe d’art contemporain, Annonay Le pays des matins bleus, Editions des Cahiers Intempestifs, Saint-Etienne

Editions / multiples
2005 Pink garden, estampes, L’art dans les chapelles, Pays de Pontivy Boogie Woogie Broderie, estampes, Espace Vallès, Saint-Martin d’Hères

2004 Tonight ça et là, estampes, Ecole Municipale d’Arts Plastiques, Châtellerault Baisers et coquillages, céramique, URDLA 3D, Villeurbanne

2002 Hand made, série de trois estampes, URDLA, Villeurbanne 2000 Le vert de la forêt, estampes, Groupe d’art contemporain,
Annonay, imprimeur Jean-Pierre Huguet

Filmographie / videos
2007 &, Pierre Arnaud (images et montage), Cyrille Cauvet (musique) et P. Condouret
Fugues (2007 – 2008), P. Condouret

2005 A l’Ouest, Julie Besson, film DVD de 20 mn, Saint-Martin d’Hères

2000 Still Life, Pierre Arnaud (images), film VHS de 17 mn

Collections publiques
- Musée des Beaux-arts, Valence
- Bibliothèque Nationale, Paris
- Artothèque, Ecole Municipale d’Arts Plastiques, Châtellerault
- Artothèque, Le Ring, Nantes
- Artothèque, Galerie Pierre Tal-Coat, Hennebont
- Artothèque, La Maison des Arts Georges Pompidou, Cajarc
- Fond municipal, Arcueil
- FRAC Auvergne, Clermont-Ferrand