MESSAGIER - VIALLAT

Peindre sans retenue

12 mars - 21 mai 2016

MESSAGIER - VIALLAT

Peindre sans retenue

12 mars - 21 mai 2016




 Christophe Mélard aime l’œuvre de Jean Messagier et celle de Claude Viallat. Passionnément ! Il leur prête un compagnonnage de route, dans les années quatre-vingt, marqué par leurs différences et divergences. Nous en avons imaginé, avec lui, sous sa houlette, le cheminement improbable mais fascinant...
Chez l’un et l’autre, différemment, se laissent déceler, dans ces années – là, les prémices heureuses d’un écart, de plus en plus marqué, de leur style et de leur savoir-faire, alors établis et déjà cautionnés par l’histoire de l’art...
À regarder leurs œuvres de peinture, le saut effectué alors par Jean Messagier hors de sa « manière » célébrée, nous semble, de prime abord, plus spectaculaire que celui auquel se risque Claude Viallat. Son processus de travail se modifie pourtant, mais sans rupture avec les bases théoriques et les pratiques à sa genèse depuis 1966. Il en va de même pour Jean Messagier. Sa manière, d’une tourbillonnante abstraction rococo, mais toujours renouvelée, donne vie à des figures fabuleuses surgies de ses expériences vécues du réel et du temps. Mais elle n’en formule pas moins, au fil des émotions ressenties par l’artiste lors de ses immersions dans la nature, une « théorie » poétique de l’art tout aussi fortement articulée à la pratique que chez les protagonistes de Supports/Surfaces. Dans l’un et l’autre cas, nulle rupture, mais plutôt accomplissement et célébration. Tous deux peignent, libres, sans contrainte et retenue. Pour leur plaisir et pour le nôtre...
À la gestuelle foisonnante et lyrique, parfois expressionniste et théâtrale, jusqu’à la démesure, recherchée par Jean Messagier et manifestée par les entrelacs, les tourbillons, d’où renaissent le monde et ce qui le peuple et l’anime, s’oppose, chez Claude Viallat, ce dessein, cette quête, qui emporte, nombre d’artistes des années soixante-dix, vers un art impersonnel et minimaliste affirmant son anti-théâtralité distanciée. Apparemment, car Claude Viallat se hasarde avec une évidente jubilation au recours à des effets de brossage et de tracés où dans l’étirement
de la matière picturale se lit le geste fabricateur de la forme générée souvent de son intérieur vers son contour...

« J’essaie de faire fonctionner le répétitif, non point dans le sens d’un jeu optique, mais dans celui du dépassement de l’unité qu’est le tableau ou l’objet présenté : « il ne s’agit donc pas d’une énumération subjective, mais plutôt de la mise en infinité du sujet (peignant et regardant) et en quelque sorte de son annulation. Le répétitif n’est pas ici la suspension des codes picturaux dans un vague intemporel mais la réactivation de leurs fonctions génératives. »
Claude Viallat.

« J’ai toujours l’envie folle de remplir les espaces d’enroulements vertigineux, éternels, répétés, démultipliés pour construire un palais dans le palais de la journée, de la nuit ou du jour, pour dédoubler la réalité, lui donner plus de force, jusqu’à l’épuisement, aller jusqu’au bout du spectacle, continuer une colline inachevée, les berges d’un fleuve, tous les sommets qui montent au ciel ou qui descendent dans les profondeurs, arroser tout cela de rosée, de parfum et de sang. »
Jean Messagier 




Artistes de l'exposition :
Jean Messagier
Claude Viallat


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière