David Raffini

Matières primaires

13 septembre - 20 octobre 2018

David Raffini

Matières primaires

13 septembre - 20 octobre 2018




 

GRUND 0. Quatre tableaux sortis de terre, presqu’au sens littéral du terme. Ils ont été un temps le sol de l’atelier, recevant et accumulant de facto les éclats de tout ce qui s’y est produit. Impression de profondeurs marines vivantes, dont la mise au mur les ramène à la surface, transformés et chargés d’une histoire passée.
S’il laisse d’abord ces matières hétérogènes se former d’elles-mêmes en strates sur ses supports, David Raffini les déterre après maturation par touches de couleurs explosives, ou cassures déstructurées. Des plans se dessinent, des lignes s’imposent, provoquant alors des reliefs accidentés, dans lesquels les crêtes imaginées dans un premier temps s’élèvent, parfois jusqu’à une éruption hors de l’espace arrêté du tableau. Avec une gamme d’outils qui relèverait plutôt de celle du sculpteur que de celle du peintre, la matière première s’expose, et au même moment, l’œuvre devient son propre vestige.
En laissant visible ces changements d’état, David Raffini atteste de l’autonomie de ses œuvres autant que de leurs traces ; à un point tel qu’il est difficile in fine de distinguer de l’œuvre ou de la trace laquelle des deux est le souvenir.
Devoir ou envie de mémoire, David Raffini œuvre au service de la peinture avec une attention infinie, rehaussant la trace, l’empreinte discrète d’un moment éprouvé, qu’il considère indispensable à l’existence de l’œuvre entière. Il révèle par ces interventions les histoires superposées du tableau, les inscrit souvent dans de grands paysages, et les fige alors pour l’eternit*. Pourtant, ce sont ces mêmes fossiles de peinture, ou fantômes de peinture dans d’autres cas, qui dotent l’œuvre de son atemporalité certaine. David Raffini assemble les techniques, accumule les taches et les histoires, pour précisément déjouer un temps convenu, et réveiller les mutations possibles de la matière dans les temps, et les correspondances indéniables entre ce qui se voit et ce qui se devine.
Comme un voyage perpétuel du fond à la surface ; du vestige à la matière mouvante.

Sarah Lanos, juillet 2018.
 




Artiste de l'exposition : David Raffini


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
8 rue des Creuses
42000 Saint-Étienne

Horaires:
Mercredi – Samedi
14h – 18h
T: + 33 4 77 33 28 93