Robert Brandy

17 décembre 2015 - 20 février 2016

Robert Brandy

17 décembre 2015 - 20 février 2016




 Robert Brandy et la peinture comme épiphanie

Depuis les années 197O, quand elle reprenait à son compte certains aspects des recherches de Supports-Surfaces, la peinture de Robert Brandy n’a cessé de se frayer une voie originale. Elle peut se comprendre comme l’exercice et la méditation de deux données élémentaires : l’espace et le temps. Une figure de rhétorique permet d’en comprendre l’articulation et d’en expliciter le procès, c’est la métalepse au sens que lui donne Genette. L’œuvre se présente et se signifie comme œuvre en même temps qu’elle en déploie le mode de production. De la tension qui en résulte, de la cause qui s’offre dans ses effets, des effets qui se ressourcent à leur cause, la peinture de Robert Brandy tire de captivantes propositions qui, d’un cycle à l’autre de leur transposition sur la toile, ont gagné en clarté et en simplicité. Abstraite de prime abord, elle ne s’interdit pas la figuration, de sorte qu’on se demande lequel des deux ordres procède de l’autre, frontale, elle joue de la profondeur et de la perspective, marquée de discrètes lignes d’horizon, elle revendique sa verticalité et déborde de coulures intempestives, charpentée ou architecturale, elle verse dans le paysage que rythment les différentes plages de couleurs, objectivée par l’utilisation du collage, elle affirme la subjectivité du peintre dans la gestuelle et les phylactères qui datent la toile et signalent des humeurs, monumentale à bien des égards, elle se révèle dans la dépense somptuaire des détails. On ne sait, tant l’œuvre contrarie la logique ordinaire de la perception, ce qui précède de la cause ou de l’effet, du donné à voir ou de son mode de production. Ce qui vaut pour l’espace se retrouve dans l’expérience sensible du temps. Des zones colorées, des motifs, des structures, qui avaient disparu remontent à la surface et redeviennent visibles, d’autres retombent ou s’estompent dans une progressive opacité. Fonctionnant comme un palimpseste, la toile génère sa propre mémoire ; c’est encore plus frappant si l’on embrasse tout un ensemble de toiles étalées sur plusieurs périodes.
La peinture de Robert Brandy invite à une longue et profonde contemplation ; elle s’écoute de même. C’est alors qu’opère le battement de chaque toile, sa respiration. Un événement a lieu, on pourrait l’interpréter comme une heureuse épiphanie.

Jean Sorrente 




Artiste de l'exposition : Robert Brandy


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
8 rue des Creuses
42000 Saint-Étienne

Horaires:
Mercredi – Samedi
14h – 18h
T: + 33 4 77 33 28 93