Unfurled: Supports/Surfaces 1966-1976

01 février - 21 avril 2019

Unfurled: Supports/Surfaces 1966-1976

01 février - 21 avril 2019




 

Unfurled : Supports/Surfaces 1966-1976 est la plus importante exposition du mouvement artistique français Supports/Surfaces dans le Midwest américain à ce jour. Basé dans le sud de la France, ce groupe de quatorze artistes, en plus de quelques affiliés, se caractérise par son intérêt pour la matérialité, son emploi lyrique de la couleur ainsi qu’une théorie générale de la peinture. Le nom du groupe se rapporte à sa tentative de réduire la peinture à ses composantes les plus élémentaires, la surface se référant à la toile de la peinture, et le support au châssis qui donne à la peinture son intégrité structurelle. En mettant à nu les conventions et les procédés picturaux, ces artistes cherchent à démystifier le genre tout en l’ouvrant à de nouvelles possibilités.
Les artistes de Supports/Surfaces s’ouvrent à des influences étrangères comme l’expressionisme abstrait, l’art et l’artisanat amérindien, la peinture à l’encre chinoise, le minimalisme et les théories gauchistes de tous bords comme le Maoïsme. Ils lancent un journal intitulé Peinture. Cahiers Théoriques pour discuter et débattre de leurs idées publiquement. Ils organisent également des expositions en dehors du cadre des galeries et des musées, amenant leur art dans la sphère publique lors d’événements impromptus dans des cafés, sur les plages ou d’autres espaces publics. Les artistes du mouvement cherchent ainsi à reprendre la main sur la production et l’exposition de leurs œuvres, et par extension, à investir leur travail d’une portée sociale, voire politique.

Dans les années 1960, la France est le théâtre de profonds bouleversements culturels. Les révoltes anticoloniales au Vietnam et en Algérie suscitent des vagues de protestations de la part de la population. Plusieurs membres du groupe Supports/Surfaces servent dans l’armée lors de ces conflits et sont les témoins directs des effets de la guerre. Une grande vague de révolte sociale et de grèves est lancée par les étudiants et les ouvriers français en mai 68, le gouvernement français répond à l’occupation des universités et des usines en essayant d’étouffer le mouvement par la force. Les artistes du groupe prennent alors une part active à ces manifestations. Les œuvres présentées dans cette exposition sont le reflet de ces tensions, en même temps qu’une critique larvée du consumérisme et de l’impérialisme qui semble prévaloir à l’époque. Par exemple, face au recul du mode de vie rural traditionnel dans un contexte d’urbanisation grandissante de la France et d’économie industrielle, le mouvement Supports/Surfaces se démarque par son exploration de l’art du tissage, du nouage et de la teinture : des savoir-faire artisanaux en voie de perdition.

A cette période, la peinture est largement critiquée. Pour les artistes du mouvement, la peinture, son goût pour l’illusionnisme et ses procédés formels redondants alimentent des idées dépassées. Cependant, au lieu de la rejeter, Supports/Surfaces en garde des éléments formels tout en abandonnant complètement certaines composantes picturales. Ce rejet philosophique allié à une préservation partielle de la peinture permet à ces artistes de puiser la vitalité de leur œuvre dans une infinie souplesse formelle. Les toiles libres de Claude Viallat sur draps ou les œuvres en vinyle découpé de Meurice ne sont pas sans évoquer Matisse, un autre peintre du sud de la France. Certains artistes de Supports/Surfaces, parmi lesquels Vincent Bioules et Marc Devade, n’abandonneront jamais la toile montée sur châssis. D’autres, comme Dolla et Valensi, magnifient le tissage de la toile et font de ce détail auparavant ignoré le sujet même de leur œuvre.

Tout en fournissant un cadre historique à cette exposition, j’ai souhaité mettre en avant la beauté et la vitalité des œuvres elles-mêmes. Il n’est qu’à regarder et se laisser envahir par l’énergie qui émane des œuvres accrochées sur les murs, leurs couleurs vives, la vue encore légèrement dérangeante d’un châssis nu présenté comme une œuvre, ou encore sourire de reconnaître des objets prosaïques utilisés de manière à la fois naturelle et complètement différente de leur fonction originelle. J’espère que cette exposition encouragera les visiteurs à voir l’art comme un espace plein de possibles, un outil de changement social comme d’exploration sensorielle et intellectuelle.

Les expositions et la programmation du MOCAD reçoivent le soutien de la A. Alfred Taubman Foundation. Le musée reçoit également des financements de la part de Jane et Ed Schulak, et de Etant Données Contemporary Art, un programme de la French American Cultural Exchance (Face) Foundation. Etant données est développé en partenariat avec les Services culturels de l’ambassade française des Etats-Unis. Il reçoit la majorité de son financement de la Florence Gould Foundation, la Helen Frankentahler Foundation, de Chanel USA, de la ADAGP, du Ministère de la Culture Française et de l’Institut Français. Unfurled : Supports/Surfaces 1996-1976 en collaboration avec Ceysson & Bénétière.