Bernard Pagès

Le chant des possibles

10 septembre - 31 octobre 2020

Bernard Pagès

Le chant des possibles

10 septembre - 31 octobre 2020




 

Colin Lemoine : Supports/Surfaces consistait à penser le « fait pictural ». J’avais noté cette citation programmatique, extraite du catalogue d’une exposition havraise de 1969, qui vaut presque pour manifeste : « L’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même et les tableaux exposés ne se rapportent qu’à eux-mêmes, d’où la neutralité des œuvres présentées, leur absence de lyrisme et de profondeur expressive. » Or, précisément, ce plébiscite un peu morbide de l’auto-référentialité me paraît contradictoire avec le pouvoir expressif et voluptueux de votre sculpture, avec votre refus de la neutralité du lieu. Dont acte : vous quittez radicalement le mouvement et, en 1971, vous décidez de vous retirer du monde, de ne plus exposer, de ne plus vous rendre à Paris. Pendant ces quatre années de retrait...

Bernard Pagès : ... je travaille, je répertorie des ensembles, je constitue des séries que je consigne dans des cahiers, je fabrique de petites choses que je n’ai probablement jamais montrées, et qui se sont diluées dans le temps. C’est alors que Bernard Ceysson décide d’organiser une exposition cruciale pour moi qui s’appelait « Nouvelle Peinture en France : pratiques/théorie ». Il m’a invité après avoir vu un ensemble que j’avais fait sur un panneau, une histoire autour du fil de fer. J’avais récolté dans la rue de petits bouts de fils de fer, dont j’avais dénombré et décortiqué les types de pliures, d’étirements, de jonctions, de ruptures. J’avais ainsi constitué une sorte de dessin avec ces fils de fer et ces petits événements associés. À la vue de ce panneau, Bernard Ceysson m’a invité dans son exposition et, pour l’occasion, j’ai tiré de mes travaux, conçus pendant ces quatre années de repli, des ensembles légèrement agrandis. À compter de ce moment, j’ai présenté régulièrement mon travail grâce à Bernard Ceysson ainsi qu’à la petite équipe de peintres qui m’avait introduit auprès de lui. Je dois donc dire que la relation avec les peintres, même si elle a été parfois houleuse, et si elle donna lieu à des batailles âpres, peut-être un peu stériles, m’a beaucoup aidé. Et la peinture aussi.

Extrait de l’entretien entre Bernard Pagès et Colin Lemoine : « Le travail avance à petits pas et d’une manière hésitante » in Bernard Pagès, Le Chant des possibles. Éditions Ceysson.
 




Artiste de l'exposition : Bernard Pagès


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
8 rue des Creuses
42000 Saint-Étienne

Horaires:
Mercredi – Samedi
14h – 18h
T: + 33 4 77 33 28 93