Claude Tétot

Biographie

Claude Tétot est né en 1968 à Paris. Il vit et travaille dans la région parisienne (Provins).

Présentation

Les peintures abstraites de Claude Tétot se veulent résolument non expressives, non narratives. Elles sont. Leur positionnement critique par rapport à certaines tendances de l'art contemporain ne s'y explicite pas. Pas plus que ne s'y manifeste l'affirmation d'un recours à des abstractions "modèles" anciennes. Les tracés de lignes colorées sur des surfaces et des plans de couleurs acidulées parfois "flashy" de Claude Tétot n'évoquent en rien les tracés de gestes précis et lyriques dont se lisent la vitesse d'inscription et la concentration gestuelle qui, dans les peintures de Hans Hartung, exposent l'implication physique et spirituelle de l'artiste. Il ne s'agit pas pour lui d'expérimenter les possibilités de l'abstraction après les abstractions, mais plus précisément de définir donc, hors des conventions modernistes et postmodernistes, les conditions d'une nouvelle représentation, par rapport aux possibilités de figuration des nouvelles technologies de l'information, applicable tout aussi bien à une production réaliste.
Diverses œuvres de Claude Tétot sont disponibles à la galerie Bernard Ceysson. Une exposition lui a été consacrée en novembre 2007 en résonance avec la Biennale d’art contemporain de Lyon.
Les œuvres de Claude Tétot sont présentes dans plusieurs grandes collections internationales dont celles de François Pinault.

www. claudetetot.com
Pour Claude Tétot, chaque nouveau tableau est comme un nouveau problème à résoudre. Problème non pas subi mais choisi. Difficulté que l’artiste s’inflige délibérément, moins comme une source de peine que de jubilation. Du moins est-ce le sentiment que l’on ressent – auquel vient se mêler de la stupeur – face à ses toiles les plus récentes. Stupeur de constater que " ça tient " : que tiennent ensemble des formes dont le rapprochement ne fait qu’accuser la différence ; que l’équilibre de chaque tableau naît de cette façon singulière qu’a l’artiste de pousser ses moyens plastiques jusqu’à leurs limites. Formes luttant avec le fond entre émergence et recouvrement, recherche de ce point, juste avant la chute, où chaque motif plastique semble tenir tel un dé en équilibre précaire sur l’un de ses angles, rapprochement de couleurs enfin, chaudes et froides, dont la confrontation fait naître des accords aigus, peu propices à la séduction immédiate. Équilibre, le mot s’impose car, ici, l’harmonie règne, mais une harmonie pour laquelle il faudrait inventer une nouvelle définition disant la confrontation de contraires qui, loin de s’annuler, profitent de l’espace du tableau pour mieux s’exacerber. Une harmonie de désaccords. Chez Claude Tétot, qui est dessinateur autant que peintre, et qui est, dans sa peinture, aussi maître du dessin qu’il fait preuve de science dans l’art d’associer les couleurs a priori les moins faites pour vivre ensemble, tout commence par un dessin. Un dessin, ou plutôt un simple croquis, jeté sur la feuille d’un carnet comme on jette une idée sur le papier, avant qu’elle ne s’envole. Se constituant un vaste dictionnaire de formes et de projets, il assigne à ses carnets un double rôle : de captation et de mémorisation. Capter, tout d’abord, car le premier jet a à voir avec la vitesse. Saisir l’idée avant qu’elle ne s’échappe : c’est la possibilité qu’offre le dessin, au crayon noir ou avec quelques indications de couleur. Dessin économe, toujours, comme un plan sommaire en attente de futurs développements. Mémoriser, enfin : l’art de Tétot va de pair avec le travail de la mémoire, dans ses processus comme dans ses jeux ambigus entre apparition et recouvrement, entre séparation et fusion organique d’une forme et d’un fond. Et ce travail du souvenir commence là, dans ces carnets où s’accumulent, pour mémoire, des dessins-pour-la-peinture. Non qu’ils soient tous voués à trouver un jour, dans un tableau, l’accomplissement de leur potentiel pictural. Mais simplement parce que c’est là, par une pratique de retour en arrière et de choix, que l’artiste va puiser de nouveaux points de départ, de nouveaux tremplins qui le ramèneront vers la toile. Tout commence donc par un dessin, mais c’est dans le tableau que tout se joue. C’est dans le tableau comme lieu et comme histoire que l’artiste trouve son terrain d’expérimentation. L’espace où, comme un pari chaque fois tenté, il remet en jeu sa capacité à faire de la peinture. Car, en passant du papier au format modeste à la toile de grand voire de très grand format, il ne se lance nullement dans une simple pratique de transcription, de reproduction agrandie par un quelconque travail de mise au carreau, mais bien dans une périlleuse opération de vérification. Vérification de la capacité – ou non – du dessin à donner lieu à la peinture. Autrement dit, non pas à être une sorte de pré-tableau, de modèle réduit, mais seulement – et, en ce sens, les dessins de Tétot sont bien, pour moi, au sens strict, des études – d’offrir un point de départ, une idée de composition, une ébauche de contraste, à ce qui deviendra un tableau. Mais la véritable vérification concerne, si l’on peut dire, moins le dessin que le peintre. L’esquisse de départ ne résout aucune question picturale : elle en pose. C’est en ce sens que je parlais, tout à l’heure, de " problème à résoudre ". Ayant choisi, dans la masse de ses carnets, le dessin dont il va partir, Tétot doit désormais trouver comment faire un tableau, à partir de là. C’est là toute la difficulté, mais aussi, visiblement, tout le plaisir de l’artiste. C’est là la question qui le guide, question sans cesse reposée, de toile en toile, comme si aucune réponse n’épuisait cette interrogation : comment faire un tableau ? C’est ce désir de n’être pas satisfait, cette façon de considérer chaque œuvre nouvelle comme un simple moment d’une réponse infinie, qui façonne l’œuvre de Tétot dans son organisation même. Pas de séries, chez lui : pas de lent déplacement, de variations autour d’une même forme, d’une même composition, jusqu’à épuisement, mais un jeu vif et délibérément déroutant de déplacement en zigzags. Comme si chaque toile devait éviter de recouvrir l’espace instauré par celles qui la précèdent. Comme si seule la réunion de l’ensemble des œuvres de Tétot pouvait donner une idée du périmètre de son espace pictural. Ce périmètre, néanmoins, est en accroissement constant. Il suffit de comparer les toiles récentes – peintes entre 2001 et 2002 – avec celles des deux années précédentes, pour voir comment il travaille à mettre en pièce tout ce qui pourrait devenir système. À qui aurait pu croire que ses tableaux fonctionnaient sur un jeu du fond et de la forme, un jeu entre une forme organique et un fond constitué d’un aplat coloré all over, il oppose des toiles où le fond semble littéralement se déchirer, du moins s’écarter pour laisser place à des formes (mais peut-on nommer ainsi ce qui oscille entre motif biomorphique et simple balayage du plan par des traits colorés ?) ambiguës. Face aux derniers tableaux de Claude Tétot, il est plus difficile que jamais de décider de ce que nous voyons. En d’autres termes : de faire confiance à son propre regard pour déterminer ce qui est forme, ce qui est fond, ce qui avance, ce qui se glisse sous la surface. Rude position du spectateur, dont l’inconfort est poussé à l’extrême par une recherche, via la couleur, de violents effets de stridence. Comme si, à la mise à l’épreuve de ses capacités de peintre que Tétot s’inflige de toile en toile, devait correspondre une mise à l’épreuve de celui qui regarde. Comme si, plus exactement, chaque tableau ne se laissait voir que par celui qui abandonne devant lui ses habitudes de vision. Pour ce regardeur-là, alors, l’inconfort premier devient jubilation.


Pierre Wat

Expositions monographiques à la galerie
Claude Tétot, Saint-Etienne
06 février - 10 mai 2014

Claude Tétot, Luxembourg
10 novembre 2011 - 07 janvier 2012

Claude Tétot, Luxembourg
16 avril - 31 mai 2009


Expositions de groupe à la galerie
10 ANS à Luxembourg, Wandhaff
02 juin - 04 août 2018

5+5, Saint-Etienne
08 mai - 13 mai 2017

La Ligne Passée, Luxembourg
30 juin - 16 septembre 2012

Accrochage de groupe, Genève
04 février - 10 mars 2012

Thema 4 : Abstraction(s), Luxembourg
06 décembre 2009 - 11 janvier 2010

Bagarre Générale- Dessins, Saint-Etienne
29 janvier - 03 mai 2009


Né en 1960 à Angoulême
Vit et travaille à Savins (Seine-et-Marne)


Expositions personnelles / Solo exhibitions

2014
Galerie Bernard Ceysson, Saint-Etienne

2011
Galerie Jean Fournier, Paris
Galerie Ruth Leuchter, Dusseldorf

2009
Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg
Galerie Jean Fournier, Paris

2007
Galerie Bernard Ceysson, Saint-Étienne
Galerie Jean Fournier, Paris

2006
« Le Ring », Artothèque de Nantes

2004
Galerie Suzanne Tarasiève, Paris

2003
Galerie Fernand Léger, Le Crédac – centre d’art contemporain, Ivry-sur-Seine
Espace Commines, Paris

2002
« L’art dans les Chapelles », Chapelle Saint-Fiacre, Melrand


Expositions collectives / Group exhibitions


2010
« les 20 ans de la Macc, une proposition de Pierre Wat », Maison d’art contemporain de Chaillioux, Fresnes

2009
« Emménagement », commissariat : Nathalie Elemento avec Stéphane Bordarier, Pierre Buraglio, Nicoles Guiet, Frédérique Lucien, Pierre Mabille, Jean-François Maurige, Peter Soriano, Emmanuel Van der Meulen, galerie Jean Fournier, Paris

« Autour de Pierre Buraglio », avec Pierre Buraglio, Vincent Bioulès, Jean Le Gac et Frédérique Lucien, villa Tamaris, Centre d’art, La Seyne-sur-Mer

2008
« Cent une chaise-œuvres », exposition organisée par Philippe Delaunay, ministère de la Culture et de la Communication, Paris

2005
exposition en entreprises : Price Water house Coopers, Denton Wilde Sapte, Business Object, Paris

2001
« Carte Blanche à Pierre Wat », avec Frédérique Loutz, Maison d’art contemporain de Chaillioux, Fresnes

2000
Espace Commines, Paris