Feed the Meter

Vol. II

23 septembre - 16 décembre 2017

Feed the Meter

Vol. II

23 septembre - 16 décembre 2017




 Après le succès de Feed the Meter, l’ambitieuse exposition collective réalisée en 2015, le moment est venu de revisiter l’énergie et les idées de ce projet original. « Feeding the Meter » est l’expression typique employée à New York lorsqu’un conducteur met de l’argent dans un parcmètre. Alors que nous sillonnions New York à la recherche des meilleurs artistes et studios de la ville, cette expression est devenue le credo de nos esprits agités, en quête d’art dans quelque endroit que ce fut. « Meter » se rapporte également au rythme et à la cadence poétique. Or cette exposition (ou plutôt série d’expositions) est une tentative pour définir un type d’art en particulier : un art engageant et ouvert sur une forme d’abstraction terrestre mêlant concept et matérialité à part égale.

Une autre volonté de Feed the Meter était de poursuivre l’exposition Supports/Surfaces présentée par Ceysson & Bénétière à la galerie CANADA sur Manhattan, en 2014. Celle-ci rencontra un succès inattendu et suscita un regain d’engouement et d’intérêt dans la communauté new-yorkaise pour cette « branche » disparue de la peinture et sculpture française. De cette exposition est née l’idée de montrer la peinture américaine en Europe et d’explorer quelques-uns des liens directs et indirects entre Supports/Surfaces et la création contemporaine.

À l’image des artistes de Supports/Surfaces, le textile est au premier plan de la plupart des œuvres des artistes exposés. Jess Fuller fixe des formes cousues à partir de toiles à la surface de ses peintures. Leif Ritchey construit patiemment ses pièces au sol en attachant un à un des morceaux de tissu auquel il donne un aspect vieilli. Quant à Katherine Bernhardt, artiste établie, elle exposera les « collages » de tissu grand format qu’elle crée en parallèle de ses peintures dans son atelier. Ces artistes ont donc en commun leur travail du tissu en même temps qu’un profond intérêt pour la peinture. Leur approche respective les pousse à sonder les fondements de la pratique artistique et la base conceptuelle de la peinture.

La peinture se trouve ainsi au centre de cette exposition à travers l’exploration du volume, de la couleur et de la structure peinte. Des peintres tels que Adrianne Rubenstein et Bill Saylor se situent à la limite ténue de l’abstraction classique et d’un imaginaire tissé de références codées. Russell Tyler, Nancy Haynes et Wallace Whitney sont trois grands représentants de l’abstraction pure en peinture, sous des formes radicalement différentes allant de l’expérimentations de couleurs brutes dans la lignée de Joseph Albers à l’étude d’idées romantiques sur la perception et l’espace atmosphérique.

Une place spéciale est consacrée aux artistes en quête d’un espace hybride à mi-chemin entre peinture et sculpture. Des artistes comme James Hyde, Fabienne Lasserre, et Michelle Segre par exemple évoluent librement entre ces deux pratiques. Ils insufflent vie à leurs peintures et sculptures en utilisant le vocabulaire de l’un et l’autre champ de manière expérimentale et intuitive. Ce goût de l’expérimentation est au cœur du projet Feed the Meter dont l’ambition est de mettre en regard des artistes de différents styles et générations pour capturer la richesse, la complexité et les tensions de notre époque.


Wallace Whitney, 2017.