LOUIS CANE

09 juin - 23 juillet 2016

LOUIS CANE

09 juin - 23 juillet 2016




 Acteur de la dernière avant-garde française, le groupe Supports/Surfaces fondé en 1970, Louis Cane travaille de manière analytique les modalités de présentation du "tableau" en tant qu’articulation cadre/champ colorés. A partir des années 1970 il décline dans l’espace, des recherches sur toiles libres, découpées, pliées, agrafées, vaporisées, comme pour la série exemplaire des Sol/Mur, à travers laquelle une réflexion sur le lieu du passage se manifeste sensiblement et conceptuellement. Par d’autres moyens, l’artiste relance dès-lors des questionnements sur la peinture à l’ère dite post-moderne où il ne serait plus possible pour l’artiste que d’œuvrer « d’après ».

Avec les résines sur grillages tendus sur châssis métallique, telle que Peinture vraiment abstraite, Louis Cane poursuit depuis la fin des années 1990, la réflexion structuraliste et analytique des années Supports/Surfaces regardée aujourd’hui attentivement par la jeune scène américaine. Ces œuvres rappellent en effet les différents constituants de l’objet-tableau : la couleur, le cadre, la structure du châssis et celle de la toile sous la forme d’un canevas métallique. La résine colorée translucide et le support grillage, sont des milieux de passage. Il n’est pas de profondeur feinte, l’écran coloré n’est plus un espace illusionniste, et la fenêtre s’ouvre vraiment, par-delà le plan de représentation ou de présentation. La traversée dévoile le châssis et l’espace sous-jacents. L’opacité constitutive du tableau est ainsi éconduite. Les applications de résine semblent en suspension sur un plan évanescent, et elles-mêmes sont traversées par la lumière qui les révèle, les projette et les produise en ombres colorées dans l’espace environnant. Les couches de résine, interfaces colorées, ouvrent une réflexion sur le diaphane, littéralement ce qui laisse voir à travers. Louis Cane écrit d’ailleurs de ces résines qu’elles sont de « l’air coloré ».

Dans ses Peinture[s] vraiment abstraite[s], la surface est glacée de matière translucide et, comme une laque, elle est source d’éclats lumineux instables. Un réseau de petites touches multicolores horizontales prises dans une couche de résine transparente, rythme ces épidermes translucides, comme des reflets sur un plan d’eau. A double entente, ces peintures sont des surfaces de réflexion. Ces surfaces à la fois poreuses et réfléchissantes, sont des espaces intervallaires ou mi-lieux, entre deux eaux qui mettent en tension le devant, le dedans et le dehors. Le plan d’eau est le paradigme de cette mitoyenneté et Louis Cane ne cesse de le convoquer, à travers les résines colorées ou la série des Nymphéas amorcée à la fin des années 1980. Bien sûr l’artiste signale une filiation avec Claude Monet, peintre révélateur des évènements lumineux et père de l’abstraction. « La peinture abstraite "est ici dans son élément" : pas de narratif, ni de représentation figurative, juste la représentation de sensations et d’émotions contenues sur la surface du tableau », écrit Louis Cane. Au-delà des plaisirs visuels, les Peintures vraiment abstraites, laquées de résine acidulée qui semble encore ductile, produisent aussi des sensations haptiques voire gustatives. L’artiste évoque d’ailleurs à leur sujet le souvenir de bocaux de sucres d’orge. Voilà l’expérience esthétique dont l’étymologie nous rappelle qu’elle est toujours affaire de sensations.

Anne Favier 




Artiste de l'exposition : Louis Cane


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard
75004 Paris

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22