Vite... 2/3 de chaque, Louis Cane 1966-2016

04 juin - 30 juillet 2016

Vite... 2/3 de chaque, Louis Cane 1966-2016

04 juin - 30 juillet 2016




 La galerie Bernard Ceysson Wandaff expose dans un espace de dimension muséale les possibles prémisses d'une rétrospective Louis Cane. Les toiles présentées sont autant de pièces à conviction pour le provocateur récidiviste qu'est cet « artiste peintre ».

Depuis ses fameux tampons de 1966 imprimant son message d'une insolente tautologie, Cane a réussi, avec chaque série de tableaux, à étonner de nouveaux amateurs en même temps qu’il exaspérait une partie de son public acquis. Cette impudence prend une tournure de plus en plus audacieuse à mesure qu'on comprend la portée des efforts de Louis Cane. Cette sélection d'œuvres à première vue disparates révèle, prise dans son ensemble, combien l'éclectisme de Cane n'est pas une démarche hasardeuse mais un travail de longue haleine, engagé dans la réflexion picturale.

L'exposition comprend une cinquantaine d'œuvres. Elle s’ouvre avec trois toiles « tamponnées » de 1966-67.
Les « découpées » sont représentées par quatre toiles de la période Supports/Surfaces : deux Sol/Mur de 1974, où Cane reprend ses investigations de l'espace qui sans être matérialisé (puisque découpé) demeure intégré au tableau.
Les toiles avec des arches empruntent leur palette de couleurs puisées à Piero della Francesca, Matisse, ou Cézanne.
Le travail inspiré par des chefs-d’œuvre tels Les Ménines de Velasquez, ou les cardinaux évoquant à la fois le Greco et Francis Bacon, crée un espace pictural propre à Cane dans lequel il se déplace avec une liberté nourrie d’une dérision dont on ne sait si elle vise le peintre ou son public.
Cane n’hésite pas non plus à réinvestir l’iconographie catholique. On sent dans les nativités, annonciations ou crucifixions l’expression à la fois d’une défiance envers une laïcité molle et d’une ironie à l’égard de ceux qui ignorent les classiques.
Parmi les œuvres les plus risquées, il faut privilégier les nus féminins, que ces dames jouent au docteur ou qu'elles accouchent, car même Picasso n’a jamais osé pareils sujets.

Les peintures sur motifs sont celles qui frôlent l'imitation, abusent de la citation, et brouillent les interprétations. Elles tentent de condenser des formes et des expériences du corpus de la peinture occidentale, et forcément appellent à la comparaison entre Cane et ses maîtres. Dans les années 90 par exemple, les Nymphéas font référence à Monet, mais également à la peinture de plein air, sur le motif pour révéler le moment ou la figuration se fond dans l’abstraction.
Pour ne pas rester à une contradiction près, en parallèle à ces toiles que Cane qualifie de « serrées », il expose une toute autre approche de la peinture, favorisant la matière, jouant sur l’envers et l’endroit. Dans les récents tableaux en résine, il embrasse un nouveau défi : la synesthésie. Resurgissent de sa mémoire les sucres d’orge de toutes les couleurs exposés dans des bocaux en verre sur les étagères d’une boutique. Selon Louis Cane, les couleurs passent à travers le verre et arrivent sur la langue pour en répandre le goût. C’est cette sensation de l’œil au goût qu'il essaie de trouver et de restituer en peinture.

Rachel Stella 




Artiste de l'exposition : Louis Cane


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière