Trudy Benson

Comsicomics

04 juin - 23 juillet 2016

Trudy Benson

Comsicomics

04 juin - 23 juillet 2016




 Les peintures de Trudy Benson se reconnaissent à leur méthode, révélée à quiconque souhaite les observer en profondeur. Toile brute et aérographe en sont les composants de base. Trudy Benson pulvérise, à grands traits ou selon un griffonnage conscient, puis ajoute des structures remplies d’une couleur unie, qui masquent la surface et lui donnent mouvement grâce à des formes dynamiques. Elle se sert souvent d’une poche à douille pour tracer des lignes, ce qui confère à la surface peinte une autre dimension, en termes de profondeur et de mouvement.
Le contraste entre la pulvérisation délicate et la peinture épaisse, semblable à un glaçage de pâtisserie, donne à l’espace une tonalité dramatique. En adoucissant le rendu, les plans rectilignes se détachent de la surface, aiguisant davantage la vision. Les surfaces physiques s’imposent par leur présence. Il est essentiel de distinguer la forme substantielle ancrée et l’atmosphère éthérée pour comprendre ce qui imprègne le travail de Trudy Benson à la fois d’une puissance exubérante et d’un côté aérien.

Trudy Benson est d’une génération pour laquelle les ordinateurs et la technologie s’apparentent à l’air ou à l’eau, en ce sens qu’ils ne sont pas facultatifs, mais essentiels. L’espace d’un instant, l’idée de « décrocher » des médias sociaux ou de s’en passer séduit. Les peintures de Trudy Benson semblent interroger la nature de la nouveauté et de l’état d’inversion propres à la nostalgie et à la mémoire.
En apparence, la qualité nostalgique de ces peintures tient dans le rythme effréné auquel les derniers outils informatiques deviennent simplistes ou obsolètes. Les peintures de Trudy Benson adoptent un regard tout aussi interrogateur sur l’abstraction moderniste ; un langage qui, tout comme les logiciels informatiques, est fondé sur des codes et des règles. Les improvisations intuitives de Trudy Benson sur ces codes nous offrent un aperçu de la façon dont le dessin et la logique visuelle façonnent nos vies. Cet attrait insouciant pour les différents niveaux d’abstraction évoque le travail de peintres américaines, comme Elizabeth Murray, Rebecca Morris et Katherine Bernhardt.

Trudy Benson a souvent fait part de sa préférence pour les outils informatiques de dessin peu sophistiqués, comme MacPaint, pour esquisser ses idées avant de commencer à travailler sur une toile. Ces outils, qu’elle décrit souvent comme des outils oubliés sur d’anciens ordinateurs, sont en effet trouvés ou remis au goût du jour, comme par accident. Un heureux accident. Trudy Benson envisage avec plaisir le geste de peindre comme un processus de recouvrement progressif par des calques. Le terme de « calque » serait immédiatement éloquent pour tous les utilisateurs de Photoshop ou d’autres programmes informatiques de graphisme.
Mais au final, ses peintures se caractérisent plus par une certaine exubérance que par leur nature programmatique : être en retard, sortir à la hâte, dévaler les escaliers… en route pour aller travailler. L’élan heureux, dans chaque peinture, est urbain, drôle et résolument libre.

Wallace Whitney 




Artiste de l'exposition : Trudy Benson


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Ceysson & Bénétière