Ceysson & Bénétière

Le Ventre de l’Architecte, long travelling dans nos mémoires, Peter Greenaway bien sûr, le décor de l’architecture géométrique et majestueuse de Rome, les personnages statiques du film intégrés de plain-pied dans les plans. Une architecture évoquant celle, symétrique et aux lignes épurées d’Etienne-Louis Boullée, visionnaire et monumental architecte du XVIIIe siècle, rigoureux et mégalomane, toutes choses qui ne le privèrent pas de terribles douleurs d’estomac. Grimaud loin de Greenaway et des marbres de Rome, (ce serait plutôt Meurtre dans un jardin sec), et Jean Prouvé est architecte visionnaire d’une autre façon, aucun virus nombriliste ne le ronge, quand on comprend le caractère fragile et remplaçable de tout ce qu’il produit, le refus d’accéder à l’éternité illusoire des pierres.

Vous verrez, il y a des colonnes contemporaines qui valent bien celles de Rome, des plans colorés, des géométries soumises aux nombres, Drawing by numbers sur papier millimétré, des tôles miroirs froissées, des mots mêlés, et comme dans le film de Greenaway des paysages vus au travers de vitres d’enfance, des sens interdits qui nous empêchent de remonter le temps, des effondrements d’acier et les photographies de vieux palais de pierre en instance d’effacement. Alors un rébus peut-être, un jeu d’été, un arrangement singulier en nuit américaine, joie et fin d’un Locus Solus solaire.

Bernard Collet