Études pour Les pêcheurs de perles
01 juin - 01 juin 2024Études pour Les pêcheurs de perles
01 juin - 01 juin 2024
Avec un format innovant, la galerie Ceysson & Bénétière nous offre la possibilité de découvrir les études réalisées par Franck Chalendard pour la production de l'opéra Les Pêcheurs de Perles de Bizet, mis en scène par Laurent Fréchuret, dans une nouvelle production l'Opéra de Saint-Etienne le 2 février dernier. Neuf grandes études sont ainsi présentées à La Chaulme, dans la petite salle de concert de la galerie, le temps d'un moment privilégié : un récital avec Catherine Trottmann, alias Leïla dans la mise en scène précitée, accompagnée au piano par Karolos Zouganelis. Le dialogue entre les arts se poursuit : la performance picturale des représentations se transpose dans l'univers de la galerie. Au cours de la scénographie, et sur invitation de Laurent Fréchuret, Franck Chalendard a réalisé une performance sur scène tout au long de la représentation de l'oeuvre, chaque soir de spectacle. Muni d'un outillage rudimentaire, un peu comme Les Pêcheurs de perles, pinceaux fixés à de longues perches, il réalisait en direct, tout au long de la représentation, une fresque partant de cour à jardin sur les murs de scène plongés dans une relative obscurité. À l'issue de chaque représentation, les murs étaient à nouveau passés au noir pour laisser libre cours à une nouvelle intervention pour la représentation suivante, celle du jour d’après. En outre, l'Opéra de Saint-Etienne a utilisé pour la scénographie la reproduction d'un tableau de Franck Chalendard en toile de fond San Giorgio Maggiore (2013). Cette peinture reproduite de façon à couvrir l'entièreté du fond de scène était rétroéclairée créant alors une magnifique perspective lumineuse propice à l'évasion et à la rêverie. Pour mémoire, le livret de l'opéra signé Carré et Cormon porte un exotisme suranné difficilement assumable aujourd'hui et que la mise en scène de Laurent Fréchuret a réussi à contourner, en situant l'histoire dans l'univers sombre et pauvre d'une petite communauté d’ouvriers. Il n'empêche que l'oeuvre musicale reste parmi les plus belles pages de l'opéra français. La Romance de Nadir, l'air de Zurga après l'orage, ou le « me voilà seule dans la nuit » de Leïla nous transportent et nous parlent intimiment encore aujourd’hui. Quelles sont ces perles de Bizet ? C'est bien le rôle du peintre de nous inviter à plonger au plus profond de nous-mêmes, à aller chercher ces trésors enfouis, ces « souvenirs charmants ». Et c'est ainsi que tout au long de l'oeuvre, Franck Chalendard s'est fait sur scène, l'écho de cette pensée intime des personnages, traçant à la main ou au pinceau, les méandres de l'imaginaire, les circonvolutions de l’intime. Des formes surgissent, nous évoquent ici, un relief organique ? Là, un animal mythologique ? Et puis, non. Non. Juste la trace d’un souvenir.
- Sandrine Chalendard