Ceysson & Bénétière

Ceysson & Bénétière New York a le plaisir de présenter Find / Fuse, une exposition d'œuvres réalisées par deux artistes, Stephané Edith Conradie, basée à Le Cap, et Elise Thompson, qui travaille à Brooklyn. Cette exposition sera visible jusqu'au 11 mars 2023. Find / Fuse est un processus de perception, de collecte, de rétention, de jonction. Mais aussi, probablement, une critique du non-vu. Conradie et Thompson sont en quelque sorte des alchimistes: leur exploration des matériaux et leur utilisation de la transparence appellent le spectateur à s'interroger sur ce qui est visible par rapport à ce qui est connu, reconnaissant que les deux ne convergent pas toujours. 

Les sculptures de Conradie rassemblent des objets trouvés en verre qui ont été enlevés de leur contexte d'utilité et suspendus dans un espace en dehors des routines de la vie quotidienne. La structure à forme d’arbre de ces assemblages amène le spectateur à regarder au-delà de l'histoire et à reconsidérer l'objet en tant que sculpture, comme une accumulation de souvenirs divers. Les couleurs et les formes brouillent les origines des objets et remettent en question les dimensions de la perception de l'œuvre en tant qu'objet d'art. Mais ces objets sont aussi les vestiges d'un passé tendu. Ils se fondent les uns dans les autres pour former des arrangements totémiques dont les surfaces stratifiées passent de la révélation de la signification de chaque objet utilisé à sa dissimulation. Par leur fusion, les objets qui semblent d'abord bas de gamme ou banals deviennent précieux, voire sacrés. Ce faisant, Condradie explore le potentiel de sens/faire à partir d'objets domestiques banals et des formes de l’inconnu dont nous nous entourons.

Thompson, elle aussi, explore ce qui peut résulter de l'obstruction stratégique, de la superposition et de la visibilité. Ses surfaces en vinyle brillant semblent fondre et bouillonner sur des couches de formes architecturales, organiques et translucides. Il y a une impression ludique avec ce qui constitue la surface de l'œuvre par rapport à ce qui se trouve à l'intérieur ou derrière les structures presque squelettiques. Les gestes semblent disparaître les uns sous les autres et réapparaître ailleurs, comme un souvenir. Les formes semblent suspendues dans l’air, la physique de leur construction échappant au spectateur. Cette censure calculée permet de remettre en question ce qui est connu, vu et volontairement caché. La translucidité littérale n'aboutit pas toujours à la révélation de la vérité ou du sens. Les structures des tableaux suggèrent un désir de contrôle que Thompson n'accorde pas au spectateur. Les réponses restent cachées sous les regards de tous.

La question de savoir si la transparence engendre la clarté demeure. Est-ce que nous trouvons les significations ou est-ce que nous les fusionnons? 

Maëlle Ebelle & Francesca Pessarelli, janvier 2023