Jean-Antoine Raveyre

Biographie

Jean-Antoine Raveyre est né en 1977 à Saint-Etienne où il vit et travaille. Après avoir suivi une formation de menuisier et exercé en tant que tel de 1997 à 2000, Jean-Antoine Raveyre a suivi une formation de photographie, spécialité des techniques anciennes et chimie à l'Atelier Magenta à Villeurbannes, sous la direction de Dominique Sudre. De 2000 à 2003, cet artiste à exercer son métier de photographe pour des théâtres, notamment pour la Comédie de Saint-Etienne. En 2003, il a obtenu un résidence d'artiste à Dompierre-sur-Besbre dans l'Allier. Par la suite, il est artiste résident à Sanary sur mer. Depuis 2006, Jean-Antoine Raveyre produit, écrit et réalise des mises en scènes photographiques avec Rémy Fonferrier, éclairagiste, et une équipe modulable (suivant les besoins des scènes), constituée de Julien Léonard (assistant accessoire et déco), Jean-Robin Poirot (menuisier constructeur), Pascal Stoumon (maquilleur) et François Maisonnasse (assistant photo). En 2009, il écrit, produit et réalise La noyée pour un "Solo Show" à Dock Art Fair 09 avec la Galerie Bernard Ceysson.

http://www.jaraveyre.com/

Présentation

Artiste photographe, je développe une démarche artistique autour de la mise en scène photographique.
Je m’appuie sur une méthode de travail similaire à celle pratiquée au cinéma, pour réaliser des photographies grands formats où la narration prend la place centrale dans l’image.
Cette idée d'image narrative n'existe pas seulement dans son sens romanesque, il s’agit aussi de s’appuyer sur le concept d'historicité. Les références historiques, picturales et littéraires parsemées dans mes images ne sont pas le témoignage d’une culture commune, mais mon intention propre d’amener le spectateur à ouvrir les yeux sur l’histoire.

Chacune des photographies que je réalise demande plusieurs mois d’élaboration. Mon travail se découpe en plusieurs temps : le premier c’est d’abord l’intuition du sujet alimenté par un texte littéraire, un tableau de maître, un scénario qui m’amènent à approfondir le mouvement artistique ou les évènements historiques de l’époque. Vient ensuite le travail de l’image qui passe par le croquis : la recherche de la construction, la gamme colorée, la lumière, les éléments du décor, tout ce qui viendra servir la narration. La construction du décor m’amène à me pencher également sur les plans de la scénographie et les matériaux qui devront être utilisés. Il y a ensuite la budgétisation du projet avec la recherche de financements. Cette démarche détermine toujours jusqu’à présent ce qui est possible ou pas de réaliser. Par la suite vient la recherche de l’espace de travail qui devra répondre aux disponibilités de chaque protagoniste : l’éclairagiste, les comédiens et le maquilleur pendant la durée du travail qui est déterminé auparavant par un planning. Ces lieux peuvent venir d’origines diverses : une résidence rendue disponible, un artiste qui m’accueille dans son atelier, une structure associative dans ses locaux, des mécènes privés ou publics qui m’ouvrent leurs portes. Le temps nécessaire à la réalisation d’une mise en scène est d’environ 3 mois, ce délai permet de poursuivre sans cesse la recherche ou chaque élément s’ajuste à l’ensemble de la scène qui se construit.

Mes travaux photographiques sont emprunt de l'histoire même de la peinture. Mon travail de mise en scène souligne cette volonté de produire une image picturale avant tout, même si le medium utilisé demeure la photographie. L'étude de la composition, la recherche de l'harmonie colorée,  de la lumière et la théâtralisation des modèles suggèrent cette volonté picturale. Le Sans titre I illustre parfaitement cette intention. Le parallèle entre le tableau de Manet et la photographie finale parle de cette promiscuité et de cette volonté claire de flirter entre la réalité et l'illusion. La scène qui nous est donné à voir souligne cette double lecture que j'affectionne tout particulièrement. Au premier abord l'image nous donne à voir une scène qui nous paraît bien réelle, seul le reflet dans le miroir nous pousse à nous questionner sur la véracité narrative. Le libera me pousse à l'extrême cette notion.  Le spectateur face à cette photographie est immédiatement amené à dépasser sa crédibilité première, et à rechercher dans l'image l'intention déguisée créant ainsi un trouble dont il ne peut se départir. Mes travaux traitent de cette ambigüité narrative qu'a une image fixe et cadrée. Elles décrivent l'illusion que produit la mis en scène, ou les personnages grimés et la situation évoquée ont la particularité d'être une mise en abime de la mise en scène elle même. C'est ici que réside mon intention de ne pas tricher.
Depuis 2009, je consacre ma recherche à montrer l’automatisme psychique, les photographies The End et La Noyée ne représentent plus l’instant comme vécu mais comme éprouvé. Aujourd’hui, j’aspire à concevoir une photographie poétique et idéaliste. Je me confronte à la difficulté de créer ce qui subsiste à l’intérieur de l’être, sa nature essentielle, authentique, originelle. Les travaux des surréalistes et l’œuvre de Gilles Deleuze la logique du sens ; m’ont amené à penser différemment la conception de l’image et son rapport avec le sujet. Je conçois l’image sur ce qui appartient au réel et sur ce qui échappe à la raison, pour produire une photographie où l’expression du psychique tient une place esthétique dans la scène au même titre que l’action décrite.
L’omniprésence de la mort dans l’art photographique s’inscrit et détermine mes travaux. La photographie fonctionne comme un catalyseur de la présence de la mémoire et capte l’énergie latente et spirituelle que seul, cette mort libère.

Jean-Antoine Raveyre - 2010
Jean-Antoine Raveyre ne peut pas vraiment être qualifié de photographe. La photographie dont il maîtrise parfaitement la technique n'est pour lui qu'un moyen pour donner vraisemblance et crédibilité à ses compositions. Ses photographies attestent à qui les regarde que ce qu'il voit a bien eu lieu, a bien été, a bien été fixé, enregistré. Or ce qu'il nous donne à voir ce sont des mises en scène, des représentations théâtrales ou plutôt cinématographiques, car chacune de ses compositions enclenche dans l'imaginaire un processus narratif et discursif dont le spectateur ne peut se départir.
Le travail qui précède la prise de vue exige un temps très long de préparation. Il faut au départ une sorte de scénario ou une historia, procéder à un casting, repérer ou imaginer le lieu de la représentation, puis en composer et en aménager le décor. Puis définir la mise en scène, son éclairage, le placement des acteurs, leur habillement, leur grimage, leur pose, leur jeu. Viennent ensuite les opérations proprement photographiques : prises de vues, tirages de travail, choix du format, tirage définitif. Jean-Antoine Raveyre porte un soin attentif à l'encadrement de ses compositions. Les cadres choisis accentuent la théâtralité des scènes représentées et la picturalité désirées par l'artiste.
Jean-Antoine Raveyre, à l’instar de Jeff Wall –qu’il admire – et d’Andreas Gursky, entre autres, semble reconduire la photographie à ses origines alors qu’elle semblait devoir rivaliser avec la peinture et renouer avec les ambitions de David Octavius Hill et de Robert Adamson, d’Henry Peach Robinson ou d’Oscar G. Rejlander dont l’impressionnante Allégorie de la vie réalisée à l’aide de trente négatifs peut être mise en parallèle avec les grandes machines historiques que proposent les peintures académiques. Cette évolution de la photographie qui vise à faire incursion dans les domaines de la peinture a été favorisée par l’invention du truquage et de la retouche. Les photographes affirment pouvoir réaliser avec les peintres, ce que n’admettent pas les instances officielles des Beaux-Arts, et s’emploient à faire de la « photographie d’histoire ». Fred Boissonnas, en amont à la prise de vue s’est livré à un incroyable et très astreignant labeur pour rassembler et préparer les accessoires et le décor des Troglodytes, vers 1992, afin de reconstituer ce que Jean-Luc Duval appelle un « faux témoignage » du passé.
Jean-Antoine Raveyre s’inscrit dans leur sillage, mais après toute l’histoire de la photographie récente, y compris son histoire technique. Ses photographies portent à une sorte de point ultime l’illusion, le mensonge de la représentation. Ses mises en scène s’inspirent des grandes œuvres peintes du passé. Il emprunte aussi bien, dans Le Mauvais Apôtre ou Le Baiser de Judas, par exemple aux Pietà de Bellini qu’à Caravage. La composition de Vénus est redevable à ce dernier comme la lumière des photographies dramatiques de Jean-Antoine Raveyre. Mais le soleil entrant au matin ou soir dans la chambre d’un travesti compose une atmosphère dure et tendre à la Hopper.
On retrouve çà et là des références à Delacroix, dans La Danse de Salomé, ou à Manet. Mais la stupéfiante image montrant la préparation d’une prise de vue à la Jeff Wall fait intervenir l’évocation d’une héroïne d’opéra. L’intensité colorée des oranges, des poires et des bouteilles en plastique d’eau minérale renvoie à Manet mais aussi à Lubin Baugin. Et les outils au sol à ceux de saint Joseph dans un tableau de La Tour.
Cette affirmation photographique de la picturalité de la peinture et cette manifestation de son appareil de réalisation propagent un irrépressible sentiment de mélancolie. En nous présentant photographiquement la picturalité d’êtres réels posant comme pour une peinture, Jean-Antoine Raveyre redouble cet embaumement du réel que produit inexorablement la photographie. Ajoutant que cette sensation de la présence de la mort est renforcée dans toutes les images de Jean-Antoire Raveyre par des détails anecdotiques troublants, dérangeants jusqu’au malaise. Il faudrait d’ailleurs insister sur ce point. Ajoutons, enfin, qu’il n’y a rien de comparable aujourd’hui dans le domaine de la création photographique.
Le rapprochement avec les œuvres de Jeff Wall qui semble s’imposer est comme renforcé par l’envie de vouloir placer ces images dans des caissons lumineux. Mais l’on prend très vite conscience de l’inanité d’un tel dessein. On assiste en fait ici à une sorte de métaphore critique, mais admirative, de l’œuvre du photographe canadien, qui permet le déplacement onirique et métaphysique de la grande peinture dans le registre plus probant et plus illusoire de la photographie.

Bernard Ceysson




Jean-Antoine Raveyre crée par ses photographies des scénographies impressionnantes. Elles séduisent sans être racoleuses. L’artiste en extrait la misère ornementale pour faire passer du côté d’un imaginaire critique autant grave que plein d’humour.
 
Tout est en effet dans cette œuvre rare une question de langage (de langage et non de style). L'anatomie de telles photographies dans sa richesse de détails et sa préciosité plastique offre à la fois confort et inquiétude, cauchemar et "aventure rêvée". Elle rapproche et éloigne de la réalité. Elle fascine et révulse. Mais selon un autre ordre, une autre distribution des données. Une force d'exhibition qui travaille du côté de l’inconscient.
Les structures "architecturales" des œuvres de Jean-Antoine Raveyre répondent à d'autres préoccupations que celui du souci d’un bien-être visuel même si pourtant elles possèdent une indéniable qualité plastique. Le plaisir éprouvé face à de telles photographies doit être consumé et accepté totalement. Il dépasse le vertige angoissant qu’elles peuvent créer. Et ce pour une raison majeure : un changement est proposé. Une délivrance est possible. Cela différencie l’œuvre de tant de travaux artistiques dont le déplacement proposé n'est qu'un départ raté sans doute parce qu’il n’est pas charpenté - comme ici - par le privilège de la beauté.
Certes ce mot fait désormais grincer les dents. On ne peut que le regretter. Dans une œuvre ce qui compte n’est pas le geste ou l’idée mais son résultat. Par lui tout passe ou ne passe pas. En prenant le parti du beau Jean-Antoine Raveyre réussit son pari. Face à une mode de l’enlaidissement accru le photographe met le Mont Fuji sur des éventails mais sans rechercher pour autant la moindre saveur exotique ou purement décorative. Une transgression a lieu par des rapprochements intempestifs.
Au sein de la pléthore et du charpentage qui envahit l’œuvre, la beauté est possible même dans des leurres nécessaires et stratégiques. Le photographe a donc compris que pour rendre évidente toute ressemblance il faut la subvertir.

C’est soudain un moment de la rivière de la photographie comme ce fut un moment de la peinture lorsque pour la première fois un peintre florentin y dessina un reflet avant d’être emporté dans le courant. Chez Jean-Antoine Raveyre l’image absorbe le miroir. Elle dérobe les masques en les exhibant dans un rêve glacé : pour fendre le miroir comme un oiseau fend l’air.

Jean-Paul Gavard-Perret, Docteur en littérature – 2010
Expositions monographiques à la galerie
Jean Antoine Raveyre, Genève
04 juillet - 07 septembre 2013

Jean-Antoine Raveyre, Paris
27 janvier - 27 février 2011

Jean-Antoine Raveyre, Saint-Etienne
27 janvier - 06 mars 2010


Expositions de groupe à la galerie
Le mois de la photographie, Luxembourg
28 avril - 18 juin 2011

Automne Photo, Saint-Etienne
24 septembre 2009 - 01 janvier 2010


2013
Légende, Chez Philippe Durand Encadreur, Saint Etienne, du 13 septembre au 4 octobre 2013
Légende, Résidence d'artiste à Sancy d'Auvergne - Maison Garenne, du 28 juin au 28 juillet 2013
Légende, Galerie Bernard Ceysson, du 4 juillet au 7 septembre 2013.
ArtGenève 2013, exposition SoloShow, Galerie Bernard Ceysson.

2010
Suerte – Exposition chez Philippe Durand encadreur - septembre
Salon Art Paris avec la galerie Bernard Ceysson
Bourse Aide Individuelle à la Création - DRAC
Exposition avec l’atelier de sérigraphie de Jean Villevieille à la galerie Bernard Ceysson Saint-Etienne / janvier – mars

2009
Exposition collective Automne Photo à la galerie Bernard Ceysson Saint-Etienne septembre – décembre
Solo Show avec la galerie Bernard Ceysson au Salon Docks Art Faire - Lyon
Salon Art Paris avec la galerie Bernard Ceysson - Sans titre 2 et The End sont réalisées pour l'occasion.

2008
Salon Art Paris avec la galerie Bernard Ceysson
Salon Art Elysées avec la galerie Bernard Ceysson - La danse de Salomé et Jour de Colère (Dies Irae) sont réalisées pour l'occasion.
Exposition à L’Atelier Favier à Saint-Etienne

2007
Réalisation d’une vidéo pour la ville de Saint-Etienne, autour de la coupe du monde de Rugby en France
Réalisation de photos et de vidéos pour les nuits de la Bâtie d’Urfé

2005
Exposition à l’Espace Transit avec Thomas Collet pour la biennale des jeunes créateurs de Montpellier

2004
Exposition à la galerie Le Lieu à Lorient
Exposition au Forum de l’image à Toulouse
Exposition les Arts en Balade à Clermont-Ferrand
Exposition Art dans la Ville à Saint-Etienne

2003
Le Modern’art Café – Lyon
Résidence d’artistes à l’espace Bout de ville, Dompierre sur Besbre

2002
Biennale d’art contemporain – Montpellier
Musée des Moulages – Lyon

2001-2002
Photographe de plateau de théâtre pour la Comédie de Saint-Etienne

2000-2001
Photographie et laboratoire aux Ateliers Magenta, Villeurbanne – Direction Dominique Sudre
2013

Légende, Brochure édité dans le cadre d'une résidence d'artiste à Sancy d'Artense, S.A.C éditions, 2013

2011

Jean-Antoine Raveyre, Historique, Ceysson Éditions d'Art, 2011