Benjamin Mecz
Taille unique
23 mai - 31 juillet 2013Benjamin Mecz
Taille unique
23 mai - 31 juillet 2013 Le parti pris des choses
Comme Francis Ponge fait des poèmes d’oranges et de cageots, Benjamin Mecz prend le parti des choses. Inscrite dans une longue tradition de l’objet, sa pratique rompt pourtant avec celles de ses pairs. Jamais il ne succombe aux tendances du post ready-made et contrairement aux Nouveaux Réalistes ses agglomérations ne reposent pas sur la combinaison mais sur la déclinaison. Considérant les petits riens de notre quotidien dans leurs formes atomiques, l’artiste les prélève de la réalité pour les multiplier en des corps autonomes. Ainsi des étiquettes anodines à l’intérieur de nos vêtements qui ne se manifestent jamais à nous que quand elles grattent. Benjamin Mecz les isole comme un laborantin le ferait de cellules qui, greffées les unes aux autres, permettent le développement d’un organe complet. La tente et le sac de couchage tissés avec elles font peau neuve des apparences usées.
C’est la mue qui travaille l'artiste, des choses en premier lieu, de l’homme en fin de compte. Si l’étiquette sert d’écriteau pour griffer les vêtements, elle est aussi la règle et l’instruction, la marche à suivre et la convenance. En passant de l’habit à l’abri, elle devient une surface indéterminée, un monochrome ou une page blanche, ni nommée ni normée. Benjamin Mecz se loge dans les choses qui se font, sans qu’on ait à les dire ou bien les mesurer.
Pour on ne sait quelle raison, chez ce jeune homme, la sûreté intuitive du jugement de goût s’est mélangée à cette sorte de courage qu’est l’obligation de faire. Il partage cette qualité bien sûr avec d’autres sculpteurs de sa génération, qui opposent au bricolage des idées une main d’œuvre, pour ne pas dire un savoir-faire. Partisan du retour de l’outil comme pourrait l’être Vincent Mauger – qui sculpte des tuyaux de PVC à la tronçonneuse – lui n’ampute pas ses objets matriciels mais les maintient dans leur ensemble sans les altérer. Ses volumes pour la plupart ne relèvent pas de la matière mais plutôt de motifs uniques répétés, collés, cousus, agrafés ou pliés, qui s’augmentent les uns les autres, simultanément, comme l’un et le multiple. Jamais le même objet n’a deux destinations : les cartes à jouer ont donné les fourmis chimériques, les lames de rasoir un cheval à bascule et les petits soldats, comme s’il ne pouvaient être employé à autre chose, une reproduction de l’Arbre des voyelles de Giuseppe Penone. Ainsi Benjamin Mecz produit pour l’avenir de faux souvenirs, des artefacts infonctionnels et fictionnels destinés à soustraire chaque chose de son temps.
Alexis Jakubowicz
Artiste de l'exposition : Benjamin Mecz
Informations Pratiques
Ceysson & Bénétière
8 rue des Creuses
42000 Saint-Étienne
Mercredi – Samedi
14h – 18h
T: + 33 4 77 33 28 93