Chris Hood

19 mai - 16 juillet 2016

Chris Hood

19 mai - 16 juillet 2016




 L’artiste américain Chris Hood est diplômé de l’école d’art de San Francisco. Il vit et travaille à New York mais pour l’exposition à la galerie Bernard Ceysson de Genève, le jeune peintre présente ses dernières œuvres réalisées pendant une résidence exceptionnelle de deux mois au printemps 2016.

Ses grandes toiles où bouillonne un chaos de ponctuations colorées et d’informations visuelles indéterminées sont ostensiblement tumultueuses. Des éléments figurés et des signes circonscrits, dans un registre très graphique, sont amalgamés dans une nuée organique. Mais si le brouillage visuel est dense, aucune épaisseur de peinture ne surcharge les surfaces des tableaux. Cette matériologie est lisse comme une image. Et pour cause, la matière picturale appliquée au verso transparait du support poreux qu’elle a imprégné. Les toiles de Chris Hood sont des traversées de peinture et seuls leurs revers se présentent, en reflets inversés, sans rien dévoiler du devant de la scène picturale : nous sommes derrière le rideau. L’artiste joue en ce sens avec l’objet-tableau qu’il retourne comme un gant. En premier lieu, il s’agit de peupler la toile non apprêtée d’iconographies stylisées tirées, de la culture visuelle populaire, à mi-chemin de l’esthétique cartoon et de l’imagerie digitale de la low culture (cliparts, émoticônes…). Des « angry eyes » expressifs, des nuages schématisés, des éclairs, des cœurs personnifiés qui tirent de grandes bouffées de cigarette, sont traduits avec une même gamme chromatique primaire, et semblent tantôt étirés, tantôt dédoublés, comme des copier-coller défaillants. Les figures errantes qui pourraient rappeler les cartoons psychédéliques de Kenny Scharf, sont reliées par un réseau de lignes franches. Ce circuit diagrammatique qui revient d’une toile à une autre comme une signature graffée, signale aussi le parcours du peintre qui « surfe » sur la toile. Ces incrustations d’imageries légères sont ensuite emportées et inquiétées par un champ coloré, un cloud stratosphérique spiralé tout à la fois impressionniste, pointilliste, tachiste… L’artiste évoque en ce sens le ciel torturé de La Nuit étoilée de Van Gogh, 1889, qu’il considère comme l’une des premières toiles abstraites dans laquelle le peintre déforme le plan du tableau. Ce magma informe de peinture diluée et projetée, sur le mode de la saturation et de la surenchère, engendre un trop plein visuel, une bouillie (Slurried, 2015) de signaux aux chromatismes souillés, qui vient submerger et phagocyter les petites icônes acidulées. Burnout, est d’ailleurs le titre d’une autre toile de 2015.
De manière distanciée, à travers un écran retourné, Chris Hood peint avec ironie son scepticisme au regard du tourbillon numérique, impermanent, assourdissant et aveuglant. Non sans humour vis-à-vis de la figure éclairée du peintre, il travaille à l’aveugle et retourne le tableau. Il évite ainsi le naufrage dans la matière picturale qui transparait, dérobée. La matité des indices de la face travaillée assourdit le brouhaha peint à distance, de l’autre côté.

Anne Favier 




Artiste de l'exposition : Chris Hood


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière