Ulrich Rückriem

12 novembre - 24 décembre 2016

Ulrich Rückriem

12 novembre - 24 décembre 2016




 Ulrich Rückriem, De volumes en voltiges

Qu’il faille se méfier des étiquettes, la chose est connue, et si elles peuvent avoir leur part de vérité (et de caractérisation), elles collent trop, réductrices, indélébiles. On se méfiera donc de celles qui sont attribuées à Ulrich Rückriem, qu’on veut abstrait, conceptuel, minimaliste. Elles ratent en premier l’essentiel de ce sculpteur, sa familiarité, son amour du matériau, la pierre essentiellement ; en plus, elles fixent, figent son travail alors que les dernières années Ulrich Rückriem s’est tourné vers le papier, s’est fait dessinateur de belle invention.
Cela reste vrai toutefois, Ulrich Rückriem a commencé comme tailleur de pierre, à la Dombauhütte, à Cologne. Ses sculptures en ont toujours porté la marque, les marques plutôt, taille, coupe, cassure, fente… Des trous disent la brisure, la masse et la densité sont bien là, la puissance de même, mais la sculpture est faite de parties, de morceaux, elle est recomposée, d’où la tension de ces volumes posés là, et qui en imposent par leur réduction même.
Un début de légèreté quand même, dans le jeu des séries, des variations. Et pour tels reliefs, par terre, de l’ardoise fendue elle aussi, c’est souligné par la couleur, sublimé par la dorure. Il est de la sorte, contre toute attente, un accès de ludisme chez Ulrich Rückriem. Et récemment, où l’artiste est passé au papier, cela s’est accentué ; de la rigueur, certes, comme toujours, mais quelque chose d’enjoué prend le dessus dans les lignes qui rejoignent des points pour aboutir à des figures où d’un coup les angles se font aigus.
Il est là un nouvel aspect de la géométrie chère à Ulrich Rückriem. Même s’il arrive que des œuvres se rappellent la répartition des sculptures, une surface noire opposée par exemple à une surface blanche, mais voici que des figures telles que des cerfs-volants surgissent, passent de l’une à l’autre, se mettent à voler, à voltiger. Notre regard est de la sorte appelé à changer, du moins avec pareilles constellations que les amateurs d’échecs rapporteront à une bien complexe Damenwahl. A la prochaine promenade au parc de la voie romaine, au Kirchberg, on imaginera des lignes reliant les quatre sculptures, Vier Variationen zum Thema Bildstock, et leurs niches occupées par des plaques polies ; elles renvoient aux interrogations même du Wanderer.

Lucien Kayser 




Artiste de l'exposition : Ulrich Rückriem


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière