Wallace Whitney
Bears in the Trees
10 mars - 23 avril 2011Wallace Whitney
Bears in the Trees
10 mars - 23 avril 2011
Wallace Whitney, entre conscience théorique et inconscience du geste
La peinture n’a pas toujours été un art. Elle l’est devenue lorsque les peintres voulurent prouver qu’elle était aussi noble que la poésie, qu’elle n’était pas qu’un geste, mais une chose mentale, « una cosa mentale » dans les termes de Léonard. Ut pictura poesis – il en est de la peinture comme de la poésie – dit la doctrine qui a structuré quatre siècles d’histoire, des maîtres renaissants à Charles Baudelaire, l’auteur des Tableaux parisiens et du Peintre de la vie moderne.
Il faut au minimum convoquer de Vinci pour comprendre la peinture de Wallace Whitney, ancien élève de David Askevold et directeur de la galerie Canada à New York. La comparaison ne tient pas formellement, mais se fonde en esthétique sur un problème irrésolu : l’essence de la peinture est-elle dans la main ou dans l’esprit ? Est-elle dans la teneur ou l’analyse, le geste ou la figure ? Wallace Whitney a depuis longtemps choisi son camp. Il milite pour un art viscéral fondé sur la concordance des temps. Son pinceau ne dépasse jamais son œil, ni son œil le pinceau. Sa peinture est le résultat de décisions instantanées, ses œuvres des faits accomplis et ses toiles dépositaires d’un existentialisme radical. En somme, l’art de Wallace Whitney n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.
S’il faut le nommer, appelons ce travail une « abstraction expressionniste », encore que le terme suggérerait que Whitney pratique une parodie ou un remake de l’Ecole de New York. Bien au contraire, l’artiste sait qu’il peint après les abstractions, les expressionnistes, les minimaux et les conceptuels ; mais il peint tout de même. Il y a objectivement – c’est-à-dire dans le monde – assez de peinture-matière pour ne pas l’épuiser ; et subjectivement – c’est-à-dire en lui-même – assez de tension pour qu’il continue à peindre.
La peinture n’a pas toujours été un art. Elle l’est devenue lorsque les peintres voulurent prouver qu’elle était aussi noble que la poésie, qu’elle n’était pas qu’un geste, mais une chose mentale, « una cosa mentale » dans les termes de Léonard. Ut pictura poesis – il en est de la peinture comme de la poésie – dit la doctrine qui a structuré quatre siècles d’histoire, des maîtres renaissants à Charles Baudelaire, l’auteur des Tableaux parisiens et du Peintre de la vie moderne.
Il faut au minimum convoquer de Vinci pour comprendre la peinture de Wallace Whitney, ancien élève de David Askevold et directeur de la galerie Canada à New York. La comparaison ne tient pas formellement, mais se fonde en esthétique sur un problème irrésolu : l’essence de la peinture est-elle dans la main ou dans l’esprit ? Est-elle dans la teneur ou l’analyse, le geste ou la figure ? Wallace Whitney a depuis longtemps choisi son camp. Il milite pour un art viscéral fondé sur la concordance des temps. Son pinceau ne dépasse jamais son œil, ni son œil le pinceau. Sa peinture est le résultat de décisions instantanées, ses œuvres des faits accomplis et ses toiles dépositaires d’un existentialisme radical. En somme, l’art de Wallace Whitney n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.
S’il faut le nommer, appelons ce travail une « abstraction expressionniste », encore que le terme suggérerait que Whitney pratique une parodie ou un remake de l’Ecole de New York. Bien au contraire, l’artiste sait qu’il peint après les abstractions, les expressionnistes, les minimaux et les conceptuels ; mais il peint tout de même. Il y a objectivement – c’est-à-dire dans le monde – assez de peinture-matière pour ne pas l’épuiser ; et subjectivement – c’est-à-dire en lui-même – assez de tension pour qu’il continue à peindre.
Alexis Jakubowicz