Ceysson & Bénétière

 

Faire peinture. Il y a chez Franck Chalendard une manière de se confronter à cette simple évidence. Mais cette évidence ne va pas précisément de soi, elle implique de se dépouiller de ce qui est appris, de tout ce qui charge le geste d'habitudes ou d'emphases, de se départir des apprêts et des coquetteries comme des facilités de séduction, pour qu'à l'intérieur d'une surface, le tableau, où chaque centimètre carré a fait l'objet d'âpres débats, surgisse l'inattendu, dans un équilibre où la justesse se tient au plus près de l'échec. A-t-on idée de l'énergie que demande une telle évidence dans une époque où le cynisme semble s'imposer ?

Durant l'hiver, l'artiste a réalisé une série constituée de recouvrements successifs, de strates qui se donnent à percevoir dans la liquidité des couches. Puis, à l'intérieur de ces tableaux, quelques gestes plus graphiques ont émergé. Commence alors une nouvelle série, sur le fond blanc s'assemblent, s'entrechoquent et se superposent des motifs : lignes, grilles, arabesques et taches qui deviennent des fleurs. La diversité des gestes s'accompagne de l'intensité des couleurs. A partir de ces quelques éléments, la peinture se joue, se rejoue à la manière d'une improvisation, comme une simple mélodie étirée, transformée par les variations des notes, suspendue dans l'instant, imprévue.

Cette mélodie, dans les peintures de Chalendard, correspond aux formes répétées qui évoquent le pattern : elles flirtent avec le décoratif, reprenant le vocabulaire de la peinture sur un mode mineur, qui est aussi celui des oeuvres majeures de la modernité, de Matisse à Stella. Ce sont des motifs de tissus - rayures, chevrons, fleurs - qui se rencontrent sur la toile, convoquant ainsi une mémoire inconsciente, visuelle mais aussi tactile et olfactive, de ces draps ou de ces robes qui ont accueilli nos corps.

Dans l'oeuvre de Franck Chalendard, les séries se succèdent, se contredisent parfois, donnant le sentiment d'épuiser la diversité de la peinture. Mais derrière cette apparente multiplicité, se révèle un travail extrêmement resserré autour de quelques gestes de la peinture - tracer, recouvrir - pour faire exister l'intensité de la couleur sur une surface. Il s'agit finalement, par cette improvisation en liberté, de faire peinture et, à partir de la simplicité des quelques éléments avec lesquels joue le peintre, se déploie des émotions enfouies, une sensibilité au monde, un désir, bref ce qui nous maintient en vie.

Romain Mathieu

 

Artiste de l'exposition : Franck Chalendard

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Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
21 rue Longue
69001 Lyon

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 18h
T: +33 4 27 02 55 20