André Valensi

Oeuvres 1971 - 1992

08 mai - 12 juin 2021

André Valensi

Oeuvres 1971 - 1992

08 mai - 12 juin 2021




 

André Valensi, Transformateur


André Valensi (1947-1999) médusait également pairs, critiques et collectionneurs. A l'époque de Supports/Surfaces on évoquait souvent l'homme au visage angélique et le tempérament insupportable avec de la dichotomie descriptive « ange ou démon ». Aujourd'hui l'œuvre se perpétue autrement pour incarner une dualité plus pertinente. Ses dessins de Mandala, sa série de tondos de 1976 intitulée Cercles Centre Vide, et son intérêt pour les drogues psychédéliques suggèrent une épithète ouvrant les portes de la perception. L'artiste André Valensi est un Transformateur, habile créateur, préservateur, dissimulateur et révélateur de toutes choses.


Les tableaux carrés de Valensi sont assemblés à partir de deux morceaux de toile, sur lesquels il applique une teinture, et non de la peinture, avec un pinceau de tapissier. Son processus consiste à couper une pièce carrée du milieu de l'une des toiles et à la coudre à la main au milieu de l'autre ; puis de la même manière coudre la toile éviscérée à celle qui est restée entière. Il explique la procédure : « Ainsi, ce qui dans une manière plus traditionnelle de peindre constituait le « Fond », se retrouve-t-il à la surface.  En précisant dans ce fait que je n'ai plus qu'à mesurer de la prégnance de la couleur ses effets. La double épaisseur de la toile est peut-être le matériel d'expérience nécessaire à ce type de travail, vu que je pars bien d'une problématique de type idéaliste. » L'ambiguïté et le paradoxe sont au cœur de cette problématique. Les coutures cachent les entailles, permettant de dissimuler à nouveau ce qui a été révélé, de sorte qu'un tableau est créé à partir de la toile détruite.


Pour Valensi, comme tout artiste s'affichant moderne dans la seconde moitié du XXe siècle, faire de l'art avancé signifie renier son usage décoratif, ainsi que toute fonction illustrative qui pourrait servir à des fins religieuses, philosophiques ou morales. De ce fait un engagement inconditionnel à l'abstraction, tout en récusant l'idée que l'art n'est lesté que par son propre point de repère. Valensi trouve une solution en utilisant la couleur pour défier les limites d'une surface picturale. Il a remis en question sa valence, a attiré l'attention sur la surface, la repositionnant dos à l'avant, à l'avers et au revers. Dans cette recherche d'une sorte d'absolu pictural, une illusion visuelle est créée et niée. C'est une expérience raréfiée, mais pas nécessairement une quête solitaire. Les œuvres invitent le spectateur à cesser d'utiliser son œil pour la simple vue afin de faire l'expérience de la séparation du mondain du spirituel, d'acquérir une connaissance visuelle de l'ineffable.


Dans les tableaux comme dans les objets, la couleur s'infiltre, se recouvre ou se superpose, et révèle parfois la surface du support dans lequel elle est impliquée. Les Objets d’analyse de Valensi sont de simples cordes, échelles ou filets, sont réalisés par tressage et nouage, nouage et entrelacement - sans jamais tisser - divers brins textiles peints aux couleurs vives jamais vues dans ses tableaux. La couleur peut être localisée dans les plis d'une ficelle cirée, ou entachante ou dégoulinante le long de petites choses savamment nouées. Les tranches de carton ondulé colorées se formalisent lorsqu'elles sont liées par une seule corde ou assemblées en tas. Ces créations, appelez-les sculptures si vous voulez, sont chargées de l’expérience de l’artiste. Valensi ne refuse pas leur interprétation comme objets symboliques, puisqu'il dit qu'ils « furent le développement, l'inventaire, le répertoriage de ce que le sujet investit dans toute pratique comme refoulement, névrose, etc. C'est aussi la façon dont le sujet y est impliqué. Il est bon de dire que ce travail malgré, ou plus exactement avec son caractère freudien, fonctionna comme une véritable abréaction. » 


Dans l'entretien où Valensi se livre à cette interprétation psychanalytique de son œuvre, il définit l'abréaction comme une réaction d'extériorisation par laquelle un sujet se libère d'un refoulement affectif. C'est ce type de catharsis qui propulse l'œuvre de Valensi du domaine de l'expérience à celui de la création.


Rachel Stella

 




Artiste de l'exposition : André Valensi


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