Antwan Horfee

Cosmogol

30 mars - 06 mai 2023

Antwan Horfee

Cosmogol

30 mars - 06 mai 2023




 

Tout s’accorde à converger vers une énergie nouvelle. 


L’artiste met à profit son temps pour construire des stabilités éphémères, les observer afin d’y déceler forces et faiblesses et tout démolir. Casser et observer, encore et encore. Sans relâche il puise, absorbe et se projette hors de lui-même afin de se rendre physiquement accessible pour les autres.


Le moteur principal de cette histoire a une façade expressive, voire une figure qui fait office de forme autoritaire et qui à force de théorie, d’isolement et d’imperméabilité installe lentement une fâcheuse tendance à la marginalité. L’étrangeté de ses propos en public, l’enthousiasme de son existence ainsi que sa différence ébranlent et secouent les esprits; malgré cela, la volonté de cet être reste la seule à résister à son romantisme morbide. C’est dans un incessant appel calme et serein que l’on voit passer une proposition simple pour s’accrocher à l’initiative. Elle est pour toutes et tous. Pour y réussir, tout est enrôlé, petits et gros morceaux, beaux, laids : délester, tronquer, scier et raboter afin de révéler l’essence. En théoriser ses formes cristallines, ses constructions, sa mythologie, c’est aspirer pour mieux insuffler. 


Le langage devient alors un moment, il est parlé le temps d’une image, d’une journée ou d’un trajet. Sur un balai de sorcière bien évidement, plus communément dans un véhicule, ou à pied dans la montagne. C’est ainsi que John Williams m’a convaincu et accompagné jusqu’à « Drop City », et dix ans plus tard m’a permis de sculpter les chemins de XPR-R-3N53, le film présenté durant l’exposition. Un périple où hiérarchiser les sujets, les placer, leur attribuer un rôle pour les mettre en lumière est une expérience jouissive. L’artiste s’y promène, l’expert de l’errance devient guide pour les autres après avoir été rookie.


Entre décrire un spectacle éclaboussant et mettre en scène le désœuvrement humain, le choix implique l’hésitation, la pause, pour mieux articuler les jointures entre les diverses interventions. C’est le choix des protagonistes qui en font l’écho ou servent de silhouette générique, de béquille ou de  bâton de marche nordique pour encadrer l’expérience. Petit à petit, ici et là, de nouveaux phénomènes émergent, comme les sonorités dans un orchestre furieux dirigé vers son émancipation par l’énergie du Cosmogol. De chute en chute, trou après trou dans le sol de notre planète « tordue » jusqu’à atteindre la télévision de Piéplu pour s’envoler ailleurs.


Digger dans l’open-world nécessite de la conviction, il faut y croire profondément, tout comme pour passer le mot il faut vraiment l’appuyer sans relâche, grassement, le hurler même. Pour atteindre des esprits plus volontaires on peut aussi faire illusion et juste citer les objets collectés attirants et magnétiques. En y réfléchissant on constate que les aimants attirent les réfractaires mais cela permet d’étendre le partage. Aucun problème, Gibi-Pain, Gibi-Fromage ou Aragon, tout le monde est convié à profiter des bienfaits de cette fabuleuse énergie, le Cosmogol qui compose, englobe, étoffe dessine et parle. Et comme pour caractériser son urgence, cette compilation vise à mélanger instants et actions, à l’instar de « Dance Machine » qui s’écoute en Laserdisc ou en concert, ou « Skyrim », tout aussi accessible en stream que depuis son canapé.


Dans ce contexte actuel français, un choix crucial de sources d’énergies alternatives est à faire pour supplanter les actuelles, des fusées doivent décoller et de nouvelles idées doivent éclore en laissant une large place pour le fragile, le différent et l’inatteignable, sculptant un terrain fertile aux rencontres, aux nouvelles propositions, aux découvertes, mais surtout aux surprises.


« Drop City » fut la première communauté Hippie en Amérique. Elle fut construite prés de Trinidad, Colorado. C’était un mélange de visions d’acides, d’idéalisme et de carrosseries de voitures découpées à la hache. Des centaines d’auto-stoppeurs y firent halte en se rendant à la Mecque de Haight-Ashbury en 1967. En moins de 10 ans, Drop City est devenue une ville Fantôme… Les meilleurs récits de cette experience sont « Drop City » de Peter Rabbit et un article de Bill Boyd dans Shelter and Society. 



Gibi , « Gibi Pain »  ou « Gibi fromage », les Gibis sont des personnages organisés et parfois fonctionnels, mais métamorphose de l’univers des Shadoks. 

Cosmogol, raccourcit de « Cosmogol 99 » carburant pour la fusée des Shadoks et des Gibis. Ils le pompent du sol à l’aide de « cosmopompes ».

Claude Piéplu, acteur français (1923-2006), et voix très connue qui fut celle du compteur des histoires des Shadoks et de maints et maints autres films entre 1944 et 2002.

Shadoks, série télévisée animée, crée par Jacque Rouxel et racontée par Claude Piéplu

Skyrim, Jeu video de rôle et d’action, dit « en monde-ouvert » créé en 2011.

 




Artiste de l'exposition : Antwan Horfee


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard
75004 Paris

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22