Bernar Venet

1961 & 1963 : les origines

04 septembre - 09 octobre 2021

Bernar Venet

1961 & 1963 : les origines

04 septembre - 09 octobre 2021




 

« En 1961 s’est produite l’une des plus étonnantes fulgurations de la pensée artistique contemporaine. À s’en tenir aux faits tels qu’ils eurent effectivement lieu cette année-là, on ne parlerait pourtant que de quelques actes étranges posés par un jeune homme âgé de tout juste vingt ans, qui n’était alors qu’un peintre quasi autodidacte marqué par une experience principalement livresque de l’art moderne... »

Thierry Lenain

Rappelant la longue relation qui lie Bernar Venet à Bernard Ceysson qui l’exposa au musée de Saint-Étienne en 1977 et à la galerie qui le représente au Luxembourg depuis 2015, la galerie Ceysson et Bénétière tient à célébrer les 80 ans de Bernar Venet en exposant les œuvres de ses débuts, réalisées en 1961 et 1963, à la fois pivotales dans la production artistique de l’époque et annonciatrices de concepts développés par Venet dans les années 1960 suivantes.


1961 et 1963 car aucune œuvre n’est produite en 1962 tandis que Venet était dépéché en Algérie pour son service militaire. Le titre Les Origines reprend celui de l’exposition de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux en 2016 et s’attache à montrer la relation entre ces œuvres habitées par deux notions principales : la gravité et le principe d’équivalence entre les disciplines articulées autour de la couleur noire marquant le refus de la communication facile et soulignant une certaine forme d’austérité en opposition à la figuration émergente dans les années 1960 et à l’abstraction lyrique bariolée. Elles sont marquées par une radicalité propre à cette décennie et de constantes expérimentations qui aboutissent à la définition de nouvelles typologies d’œuvres qu’elles soient sculpturales, picturales, sonores, photographiques marquées par la neutralité, la sérialité et le refus de la composition.

En 1961, les grandes intuitions : les coulées de goudrons sur des morceaux de cartons, sa performance dans les détritus, l’enregistrement du son d’une brouette sur le gravier, mais aussi des démonstrations qui gardent encore la trace du geste de l’artiste.
La découverte d’une coulée de Goudrons à Carpiagne en 1961 lors de son service militaire l’incite à utiliser ce matériau et la gravité pour réaliser des œuvres d’abord au sol, le matériau foulé par ses pieds, puis sur de grands cartons sur lesquels il laisse s’écouler le goudron.
En juin 1961, Venet réalise son premier enregistrement sonore en disposant un magnétophone sur une brouette qu’il fait rouler sur le gravier de la caserne.

Dans cette même caserne, il s’allonge dans les détritus. Cette performance est prise en photographie comme une réponse au saut dans le vide de Klein. « Il s’agissait, en ce début des années soixante, de renverser les valeurs, de critiquer les pratiques conventionnelles et esthétisantes de l’École de Paris. Rétrospectivement, il me semble qu’il y a une relation évidente entre ce geste avec le pragmatisme et la littéralité des travaux qui ont immédiatement suivi ». Damien Sausset

En 1963, à son retour, Venet affirme ses intuitions, développe l’impersonnalité de ses œuvres : « les Goudrons sont des monochromes sur lesquels la matière se répand en miroirs noirs : l’exploration du noir lisse a encore mené Bernar Venet sur une autre voie, celle du Miroir Noir. Il s’agit d’une plaque de plexiglas peinte sur son revers et accrochée au mur à la manière d’un tableau. Le spectateur s’y voit, distinctement mais vidé de ses couleurs, émerger d’une nappe luisante impeccable. » Thierry Lenain

Bernar Venet photographie également des choses noires, des choses qu’il manie par ailleurs comme de la matière et comme de la couleur : charbon, goudron, bitume... Enfin Le Tas de charbon : « C’est assurément avec le Tas de charbon, l’une des œuvres les plus emblématiques de l’art contemporain des années soixante, que la mise en scène de la matière granuleuse a connu sa formulation la plus percutante. » Thierry Lenain


Cet empilement sans forme spécifique introduit une nouvelle typologie qui fera florès dans la décennie 1960 chez des artistes du Land Art (Robert Smithson, Dennis Oppenheim), de l’Arte Povera (Jannis Kounellis) et amorce un élan de recherches qui l’amènera à lancer le courant conceptuel à New York en 1966. C’est la volonté de recherches et d’expérimentation de Bernar Venet dans ses premières années que la galerie Ceysson & Bénétière cherche à célébrer avec l’artiste à l’occasion de cet anniversaire.

« Nous avons le plaisir de travailler depuis 2015 avec Bernar Venet, qui est devenu au fil du temps, un artiste iconique de notre galerie. Nous avons pu montrer à plusieurs reprises, notamment au Luxembourg, ses grandes sculptures, ses œuvres sur papier, ainsi que ses performances. La galerie a toujours été admirative de son œuvre et de son énergie à produire les projets les plus ambitieux, à l’image de l’Arc Majeur qui se dresse à quelques kilomètres de notre galerie au Luxembourg. L’accueillir à Paris, pour présenter ses œuvres anciennes, est une immense joie. Nous sommes honorés qu’il accepte d’exposer de nouveau à Paris et dans notre espace. C’est aussi l’occasion pour nous d'accrocher des œuvres très peu exposées en galerie et tellement importantes dans l’histoire de l’art international. La radicalité de ces œuvres, réalisées au début des années 1960, alors qu’il est encore un très jeune artiste, est impressionnante. »

François Ceysson & Loïc Bénétière

 




Artiste de l'exposition : Bernar Venet


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard
75004 Paris

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22