Marie José Burki

Exposure : Dusk

12 juin - 30 juillet 2021

Marie José Burki

Exposure : Dusk

12 juin - 30 juillet 2021




 

Exposure: Dusk 

A la Petite Ecurie de Versailles sont entreposés les plâtres des collections de l’école des Beaux-Arts de Paris et de la Sorbonne. J’ai filmé ces copies endommagées dont les extrémités (doigts, orteils, sexes masculins) sont souvent brisées. Peu importe leur état de conservation, elles sont maintenant rangées, classées : les femmes avec les femmes, les hommes avec les hommes, enfin les déesses entre elles, les dieux entre eux. Ces représentations figurent des histoires de combat et de violence, de pouvoir et de puissance, d’exploits et d’humiliations, des histoires de séduction et d’abandon, de coups bas et de bravoure, elles sont ici dépouillées et privées de toute signification. La caméra passe du corps à la matière, de la figure au plâtre poussiéreux et abimé. Le regard oscille entre la figure et la matière, entre la tête de cheval et le plâtre maculé. On voit, on reconnaît, et puis on n’y voit plus rien qu’un corps de plâtre meurtri et désolé. 

Groupées par figure, étiquetées, emballées parfois dans du film plastique, l’histoire de leur grandeur et de leur désaffection se lit à la surface des statues. Ces copies appartiennent à un monde déjà disparu au moment de leur élaboration. Certaines sont, je l’ai appris, des surtirages: des copies de copies. Qu’en est–il de l’intérêt qu’on leur porte aujourd’hui? Que disent-elles de la pratique de l’art et de notre culture ? Parce qu’ils datent pour quelques-uns du 17ième siècle, ces moulages sont-ils des œuvres à part entière comme certains le prétendent? Le coefficient d’art augmente t-il avec le passage du temps ? Que sont donc ces statues ? Ni des objets archéologiques, ni des œuvres au sens propre du terme, ni des reproductions? Copies, translations différées dans le temps, elles explicitent par leur présence la complexe question du passage de l’original à la copie, du modèle à sa reproduction.

Ce qui m’occupe n’est ni la genèse ni le déclin de chacune des pièces, mais leur concentration, la répétition des figures, des visages et des corps, reproduits à l’identique, dans une même pose. Paradoxalement, les effets du passage du temps leur donnent une certaine singularité. 

Evidemment les motifs de la pose, les motifs de la répétition, de la comparaison, des similitudes et différences légères, l’observation du détail me taraudent. Mais ce qui me captive surtout, ce sont l’accumulation de poussière, les fêlures et brisures qui disent que l’histoire des hommes, l’histoire du goût des hommes est l’histoire du temps qui passe. 

Marie José Burki 

 




Artiste de l'exposition : Marie José Burki


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Ceysson & Bénétière