Jabberwocky

Commissaire d'exposition Vittoria Matarrese

29 juin - 28 juillet 2023

Jabberwocky

Commissaire d'exposition Vittoria Matarrese

29 juin - 28 juillet 2023




 

Pour son exposition estivale du 29 juin au 28 juillet 2023, la galerie Ceysson & Bénétière est ravie de donner une carte-blanche à la commissaire d'exposition Vittoria Matarrese, directrice de la Fondation Bally, après Exo Exo en collaboration avec Clara Guislain, Léa Chauvel-Lévy, Hugo Vitrani, Bernard Collet. Réunissant quatre artistes autour du poème Jabberwocky, par le célèbre auteur Lewis Carroll, Vittoria Matarrese crée un espace de jeu ludique qui nous invite à aller au-delà des apparences.

Dans De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll, Alice se retrouve devant un miroir, cherchant à savoir ce qu'il y a derrière. À sa plus grande surprise, son souhait est exaucé et le miroir devient traversant. Le poème Jabberwocky apparait au tout début du livre, composé comme un récit chevaleresque classique, où le héros intrépide doit partir affronter un monstre méchant (le Jabberwock), avant de triompher et de rentrer chez lui en vainqueur.

Mais le poème est imprimé à l’envers, et nécessite justement d’un miroir pour être lu. De plus, il est écrit dans une langue fictive, ou pour être plus précis, dans une langue où des mots-valise fusionnent pour faire appel à l’imagination du lecteur. En à peine quelques lignes, Lewis Carroll pose le sujet du livre : l’idée de faire face à son monstre intérieur, celle d’un voyage épique en soi, de la subversion de l’ordre établi. Cette traversée du miroir par la jeune Alice l’amène à faire émerger de manière fantasque et ludique, la question du double, de ses contradictions et de son côté sombre, souvent représenté par la Reine de Cœur, simulacre maléfique de sa personnalité. 

À bien des égards, les œuvres des artistes choisis pour l’exposition, Julie Béna, Noël Dolla, Tania Mouraud et ORLAN, abordent l'idée du jeu en tant que composante essentielle de la créativité, en démultipliant les identités, les récits, les supports. Si depuis ses débuts, Dolla travaille à une déconstruction radicale de la peinture et de ses concepts et outils, ici, avec ses leurres, l’artiste fait de l’objet le matériau de base de son œuvre, il fait valoir avec beaucoup d’humour sa littéralité – un leurre, donc – posant la question de l'objet représenté et de la réalité même de l'image artistique, de sa tromperie ou mystification. Tania Mouraud, propose une pièce conçue pour l’exposition, faisant référence directement au poème de Lewis Carrol, où elle continue son travail d’exploration de l’écriture comme élément plastique et trompe l’œil. 

L’échelle monumentale, le jeu entre les lettres en positif et en négatif, la dualité entre le noir et le blanc, forment une sorte d’abstraction où les mots doivent se déchiffrer. La langue – la peinture – dépend ainsi de notre propre perception. Les œuvres d’ORLAN, quant à elles, participent d’une fabrication d’identités nouvelles, représentant des vierges, des figures mythiques ou des icônes de la peinture. Son corps est en constant dédoublement, interrogeant la notion de conformité, de standard. Un corps-valise, où la notion de simulacre est à envisager non au sens de simulation, mais dans son étymologie, en tant que figuration par artifice de ce qui est ailleurs, d’un corps en constante tentative de sortir du cadre de sa propre représentation. La vision absurde du monde donnée par Julie Béna, ses procédés de fiction et autofiction, ses personnages découpés en morceaux – yeux, bouches, bottes, ... – tissent le fils d’un univers parallèle où les époques et les récits se superposent, l’humour et l’humour noir se côtoient, remettant en question les représentations normatives du corps (souvent féminin) et la transmission de l’histoire officielle, tout en explorant la complexité de l’identité.

Enfin, si l'utilisation par Lewis Carroll du jeu linguistique, des personnages incongrus, et d’un monde caché aux yeux du plus grand nombre subvertit les attentes traditionnelles des structures narratives et des normes sociales à l’époque, à travers les visions de ces quatre artistes, l’envie était celle de créer un espace en miroir, où le spectateur est invité à jouer, à s'engager dans les œuvres librement, afin d’explorer de manière poétique et ludique certaines relations au pouvoir, aux normes patriarcales et aux questions de contrôle au sein des structures politiques et sociales. 

Vittoria Matarrese, avril 2023


 




Artistes de l'exposition :
Julie Béna
Noël Dolla
Tania Mouraud
ORLAN


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard
75004 Paris

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22