Nicolas Momein

Clumps and Bumps

04 mai - 17 juin 2023

Nicolas Momein

Clumps and Bumps

04 mai - 17 juin 2023




 

Nicolas Momein déploie sous des formes diverses une étrange curiosité pour les objets de son quotidien et une extraordinaire capacité à les faire échapper à leurs propres définitions. Ainsi, pour cette exposition, l’artiste a produit des lampes en détournant un tissu de gomme texturé, utilisé pour retenir les nappes. Une fois coulées les longues tubulures portent la mémoire de ce matériau aussi inadapté qu’adéquat pour se réemparer d’une forme que l’on pourrait associer à tant d’autres modèles de l’histoire récente de l’art et du design. 

C’est cette distorsion ludique et domestique qui permet à Nicolas Momein de s’immiscer par un trou de souris dans des espaces que l’on pourrait croire saturés. Ainsi, il déjoue tous les pièges de la redite dans le champ de la sculpture et des installations par effet de contre-emploi. On voit ce qu’il a vu mais pas dans la forme qu’il arrive à donner… jamais. 

Pour lui, l’art devient un vocabulaire de maraudeur, un jeu de piste dans les plis abandonnés de ces matières si techniques que leurs usages les ont extraites de tout imaginaire. Si elles ne sont faites pour ne servir qu’à une chose, Nicolas Momein les ajoute aux éléments possibles d’un espace à inventer. 


Depuis plusieurs siècles dans la tradition occidentale, la peinture se détache assez nettement d’une valeur d’usage. Ainsi, tendre sur châssis des toiles pour y figer de la couleur, relève quasiment du concept, mais, pour Nicolas Momein pas du tout. Il fait de la peinture pour rêver à la couleur comme un fluide gorgé de pigments dont on pourrait maîtriser les variations et les textures. Comme par défis, l’artiste tente de revenir à la matérialité pure de cette pratique. 

Dans cette exposition, il présente plusieurs nouvelles toiles qui s’inscrivent dans une recherche débutée il y a quelques temps déjà. Le jeu a une règle claire. Nicolas Momein, comme un peintre, tend des toiles, dans ce cas précis des toiles de jute. Il passe des couches de fond, peinture à l’huile, encres, acrylique, bombe. Il renverse la toile, déverse la matière, la pousse, la contraint. La toile s’imprègne et la peinture perle en couche liquide et colorée à travers le filtre du canevas. Une fois secs, les tableaux redressés et retournés, la surface est épaissie par l’étrange structure des gouttelettes qui y ont perlé. Ce médium qui devait nous permettre, comme point de départ, de théoriser l’image, se voit dévier par sa structure même. La peinture devient plus qu’elle-même en se réduisant à son processus.


Des saynètes semblent nous induire à imaginer ces toiles comme une métaphore un peu cruelle de nos écrans rétro-éclairé, le quadrillage de la trame rappelant les pixels. Mais, comme toujours dans les œuvres de Nicolas Momein, cela serait trop simple. L’artiste déjoue par stratification toutes catégories. 

Il ne s’agit pas plus ici d’écrans que de graffiti, de bas-reliefs, des tapisseries ou de tapis. Et pourtant c’est presque tout cela que l’on semble percevoir. Nous traversons un pont temporel qui nous fait hésiter entre la texture visuelle de sérigraphie, de procédés historiques de la photographie ou de techniques d’impression en trois dimensions. Bref, la peinture fuit de toute part. Elle s’échappe dans un espace-temps qui ne lui était pas destiné et dans lequel Nicolas Momein la suit par plaisir et par jeu. 


Samuel Gross, Avril 2023

 




Artiste de l'exposition : Nicolas Momein


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
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10021 New York


T: +1 646 678 3717