Philippe Favier

Swash Zone

01 juin - 13 juillet 2023

Philippe Favier

Swash Zone

01 juin - 13 juillet 2023




 

D’emblée, il est important de noter que les séries présentées par Philippe Favier ce printemps à la galerie Ceysson & Bénétière sont toutes deux inédites, elles courent de 2021 à aujourd’hui et sans trop en douter, elles seront la réponse aux dernières expositions importantes de l’artiste. Que ce soit « ALL OVER » au musée de Valence où Thierry Raspail a magistralement mis en scène plus de 1 200 œuvres dans les 34 salles du musée, ou l’exposition « SOLO » à la galerie du Luxembourg où Bernard Ceysson orchestra avec maestria, quelques-unes des multiples saisons dont l'artiste nous gratifie depuis quatre décennies. 


L’insatiable besoin de renouvellement qui scande son œuvre en dizaines de séries et la substantielle palette des techniques expérimentées sont sans doute responsables de ces impressions récurrentes de rétrospectives temporaires à cliquets. 

Gageons toutefois que le premier à être « déçu en bien » fut l’artiste lui-même, et que les œuvres qu’il nous présente aujourd’hui tentent d’échapper à ces préméditations, toujours défavorables à la surprise et à l’imaginaire. 


Alors Favier, au pied de son Vercors ou au sommet de ses collines niçoises concocte à l’abri des modes et des opportunismes suspects, dans une introspection douloureuse qu’une bonne éducation a rendue souriante, de nouvelles saisons à offrir à l’impassible éternité.


Qu’il s’agisse des « CLAPIERS » ou de « SWASH ZONE », nous arrivons dans ces périodes où la main de l’artiste, lassée des escapades un brin virtuoses ou grandiloquentes, s’octroie quelques périlleuses vacances. En effet, c’est dans ces moments-là que le sparadrap roule à flot, et si la virtuosité reste à bord, son registre moins noble veille juste au grain. Sans cette habileté remarquable, les marteaux, cisailles, scalpels et autres poinçons eurent tôt fait de nous l’esquinter.


Quand ce n’est plus l’outil, voilà que c’est le produit qui menace, dans « SWASH ZONE », c’est la peinture qui la ramène. Favier, si précis, si méticuleux, proche du sujet tel un scribe presbyte, est maintenant debout, Pollock à l’haleine Volcanique*, pissant de la peinture à bras-le-corps. Il a toujours trouvé le pinceau trop mou, lui préférant la pointe ou la plume ; ce qui lacère lui sied. Nous sommes ici bien loin de cette mollesse supposée, étrangement heureux d’en être exemptés. Nous serions, paraît-il, dans la peinture qui prolonge le geste, mais le geste est ténu, ontologiquement retenu, et en définitive, il ne fait pas le poids, seule la peinture sait ce qui en découlera.


Quant aux titres, à part « ALL OVER » choisi par le musée, ils sont généralement en français, voire en espéranto ; pour une fois, l’anglais s’imposait – comme dans ces chansons inoubliables qu’une traduction rendrait idiotes – swash zone est un terme maritime, il évoque la zone de sable qu’une vague vient de lisser avant qu’une autre arrive et foute le bouznif.


En français, on devrait dire « zone de lèche »… à vous de voir !


* La Volcanique, gamay du domaine Verdier-Logel.

 




Artiste de l'exposition : Philippe Favier


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
10 rue des Aciéries
42000 Saint-Étienne


T: +33 4 77 33 28 93