La Biennale de Lyon Minuit chez Roland [31 décembre]

14 septembre 2022

La Biennale de Lyon Minuit chez Roland [31 décembre]

14 septembre 2022




 

Du 14 septembre au 31 décembre 2022

À l'occasion de la 16e Biennale de Lyon Manifesto of Fragility sous le Commissariat de Sam Bardaouil et Till Fellrath 

L'artiste Aurélie Pétrel présente l'œuvre Minuit chez Roland [31 décembre] une pièce qui se déploie dans 3 espaces au sein de la ville de Lyon : aux Usines Fargor-Brandt, au Parc de la Tête d’Or et au Parc LPA-République, avec en plus une exposition en Résonance dans la galerie Ceysson & Bénétière Lyon.


Depuis 2017, le Liban et plus particulièrement Beyrouth, est un des points d’ancrages géographiques du travail d’Aurélie Pétrel. À l’origine invitée dans le cadre d’un enseignement destiné à nouer des échanges avec la jeune scène photographique libanaise, Beyrouth est devenu un terrain de recherche de sa pratique artistique.

Lors d’une de ses résidences, en 2018, elle découvre chez un marchand-bouquiniste deux carnets, un répertoire d’adresses et un agenda ayant appartenu à une femme lyonnaise. Ce lien entre deux villes Beyrouth et Lyon, entre deux jeunes mères Jeanne et Aurélie, entre deux époques, les années 60 et aujourd’hui, a dessiné un commun, une porte d’entrée fictionnelle permettant une investigation photographique qui donne lieu à la réalisation d’une pièce pour la Biennale internationale de Lyon, Manifesto of fragility.

En 1957, une femme, la trentaine, arrive à Beyrouth. Elle rejoint son mari, impatiente de découvrir la vie grisante de la capitale libanaise. Le récit débute le 31 décembre à minuit, la soirée du nouvel an se déroule « chez Roland », sans doute un ami français, dans le quartier animé de Gemmayzé. 1958 sera l’année de son installation au Liban. Elle travaille dans un petit commerce. Mi-février elle tombe enceinte de son deuxième enfant ; quelques mois plus tard, mi-mai, l’assassinat d’un journaliste déclenche les premiers combats de rues dans Beyrouth.

Ce journal de bord en main, l’artiste conduit de manière empirique, une enquête de terrain en invitant certains acteurs contemporains de la ville à livrer leurs souvenirs ou leur perception de cette époque. Ces histoires individuelles permettent une mise à distance et un espacement de l’acte de la prise de vue sur site. L’artiste en fait aujourd’hui une relecture qui permet de tisser un lien entre ces premiers signes tangibles, qui annoncent les nombreuses crises successives du Liban, les conflits permanents, le rendez-vous manqué de la Révolution jusqu’aux explosions du 4 août 2020.

Intitulée Minuit chez Roland [31 décembre], premiers mots du carnet exhumé, la pièce réalisée par Aurélie Pétrel pour la Biennale 2022 se déploie sur près de 200 m2 dans les Usines Fagor-Brandt à Gerland, jusqu’au cœur de la presqu’île au Parc LPA-République et à la galerie Ceysson & Bénétière.

L’installation invite le regardeur à se mesurer à un labyrinthe de verres photographiques convoquant les « golden sixties » de Beyrouth, jusqu’aux reportages les plus récents. Le carnet est la trame de la proposition qui conduit dans un dédale de récits. Entre opacité et transparence, la pièce de 86 verres ménage des passages, des trouées plus vastes ou des voies sans issue, elle favorise un terreau pour convoquer d’autres images mentales de Beyrouth, ville-théâtre d’enjeux géopolitiques depuis plus de six décennies. C’est par la suggestion, le hors champ, le vide, que le récit s’articule. La profusion d’images de la capitale libanaise et de ses drames, sont potentiellement convoqués dans les lacunes, les interstices, les fêlures.

L’histoire douloureuse du Liban se lit en creux dans cette proposition et se révèle au travers des grilles ou des rideaux, et dans des espaces publics ou privés conservant la trace des conflits.

La forme du labyrinthe devient une métaphore de la vie au Liban où chacun se fraye un chemin, où la fragilité est une force, où l’instabilité est stabilité.

Merci à Amin, Ariane, Charif, Charles, Flavien, Ghada, Georges, Joe, Kathleen, Marine, Michèle, Mayssa, Lamia, Tarek, Samy, Romain et tant d’autres.

 




Artiste :
Aurélie Pétrel

Lien vers l'exposition : :

Aurélie Pétrel, Lyon
15 septembre - 22 octobre 2022



Lien :
La Biennale de Lyon