Infinis portables

Curated by Sean Horton & Parker Jones
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Presentation

Portables Infinities explore la manière dont des formes intimes peuvent contenir des potentialités sans limites, en envisageant la matière et le geste comme des architectures portables chargées de mémoire, d’associations et d’expériences. Par le dessin, l’assemblage, le travail textile et la construction progressive, ces pratiques révèlent comment l’ouverture peut émerger de la contrainte et comment l’infini peut se manifester par la clarté structurelle, la simplicité géométrique ou encore l’accumulation silencieuse des actes.

Les œuvres sur papier d’Anni Albers traduisent la logique du tissage en structures visuelles oscillant entre la précision de la grille et la fluidité de tracés entrelacés. Wall IV, dont les formes irrégulières évoquent la brique, condense le motif architectural en une composition modulaire animée par de subtiles variations d’espacement et d’échelle. Dans Drawing for a Rug, des lignes bleues et blanches se courbent, se croisent et se tressent sur un fond ocre et orangé, composant des cheminements qui suggèrent le mouvement, l’entrelacement et la superposition des choix du regard et de la main. Avec Wallyard 11, Jackie Ferrara établit une présence architectonique à la fois stable et générative. La progression par strates de la sculpture évoque une colonne qui se développe par accumulation de décisions successives, à l’image des modules d’Albers formant des systèmes cohérents. Chez l’une comme chez l’autre, la structure devient motif vivant, façonné par la répétition, la réactivité des matériaux et une attention aiguë aux proportions.

Nancy Brooks Brody prolonge ces enjeux vers le corps et la perception. Les Merce Drawings partent d’images à faible résolution de danseurs et danseuses de Cunningham, imprimées sur papier journal : un mouvement de tête ou un transfert de poids y devient un point d’ancrage guidant le trait. Chaque variation met en évidence l’acte vivant du dessin et l’inscription du mouvement dans le temps. Dans les Color Forms, de petites formes en plomb émaillé insérées dans les micro-fissures du mur créent des intervalles sensibles à la lumière et à la distance. La pratique de Brody partage avec Albers et Ferrara une même exigence structurelle, mais y insère la présence du corps, source et trace, ouvrant ainsi l’œuvre à l’imprévisible, au mouvement et à la perception changeante.

La boîte Dovecote de Joseph Cornell transforme des matériaux modestes en une architecture intime où structure et imaginaire convergent. Sa grille de minuscules niches blanches renferme jouets, blocs, petit bocal, figurine et balles de caoutchouc, établissant un équilibre entre ordre formel et libre association. Un second assemblage, plus épuré et presque monochrome, composé d’une pipe, de petits verres, d’une balle, de ficelle et d’un collage, introduit une dimension céleste : les objets semblent y flotter dans un espace contenu, tels des fragments isolés d’une constellation silencieuse. Les œuvres de Cornell agissent comme des observatoires portatifs où objets, textures et souvenirs composent des agencements mouvants.

Giorgio Griffa et Richard Tuttle partagent un intérêt pour la surface, le support et le pouvoir génératif des gestes ténus et provisoires. Dans Canone aureo 458, Griffa fait du nombre d’or une structure vivante qui se propage à l’infini tout en se déployant sur une surface finie. Tracés sur une toile non tendue, les chiffres flottent comme l’enregistrement d’un geste à la fois fugace et continu, ancrant un concept infini dans une expérience intime. Paper Octagonal, de Tuttle, naît lui aussi du comportement de la matière plutôt que d’une géométrie préalable. Les plis et irrégularités provoqués par la colle révèlent comment le papier réagit à la gravité et au mur. En désignant la forme comme « octogonale », Tuttle fait glisser l’attention de l’idéal géométrique vers sa réalisation singulière, permettant à l’œuvre de témoigner de sa propre genèse. Ensemble, Griffa et Tuttle affirment l’autonomie du support et la subtilité active de la matière, démontrant que l’infini peut surgir dans les infimes variations de couleur, de bord et de texture.


Sean Horton & Parker Jones, décembre 2025

(Traduction par Loïc Garrier)

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Portable Infinities
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Portable Infinities
Featured Artworks
Lovely Day Head
Lovely Day Head
2020
58.4 x 44.5 x 5.4 cm / 23.0 x 17.5 x 2.1 in
Drawing for a Rug II
Drawing for a Rug II
1959
44.1 x 13.0 cm / 17.4 x 5.1 x 1.5 in
Wall IV
Wall IV
1984
72.4 x 57.1 x 2.5 cm / 28.5 x 22.5 x 1.0 in
Merce Drawing
Merce Drawing
2011
27.9 x 35.6 cm / 11.0 x 14.0 in
Wild Combination
Wild Combination
2006
12.7 x 17.8 cm / 5.0 x 7.0 in
Untitled (Celestial box with pipe, glass, ball & collage)
Untitled (Celestial box with pipe, glass, ball & collage)
1960
21.0 x 46.9 x 9.5 cm / 8.3 x 18.5 x 3.8 in
Untitled (Dovecote)
Untitled (Dovecote)
1953
37.8 x 29.2 x 6.0 cm / 14.9 x 11.5 x 2.4 in
155 4 Core Pyramid
155 4 Core Pyramid
1975
58.4 x 69.2 x 3.2 cm / 23.0 x 27.3 x 1.3 in
Wallyard 11
Wallyard 11
1981
16.5 x 80.0 x 34.3 cm / 6.5 x 31.5 x 13.5 in
Canone aureo 458
Canone aureo 458
2012
160.0 x 100.0 cm / 63.0 x 39.3 in
1st Paper Octagonal
1st Paper Octagonal
1970
137.2 x 137.2 cm / 54.0 x 54.0 in
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Exhibition Dates

11 décembre 2025 - 24 janvier 2026

Opening reception

11 décembre 2025 à 18h00