Nicolas Momein

Des clous dans la bouche
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Presentation

Des clous dans la bouche


Nicolas Momein explore depuis une quinzaine d’années les possibilités d’une sculpture élargie. Aventureuse, vorace de tout support et de toute pratique, son œuvre assimile d’innombrables disciplines, hybridant volontiers beaux-arts, arts appliqués et artisanat, mais aussi techniques industrielles et agricoles. Momein court-circuite les hiérarchies avec allégresse, mais également avec pudeur et douceur lorsqu’il s’agit de décloisonner ces professions spécialisées, assignées à des classes et des segmentations sociales. Couturières, sableursgrenailleurs, matelassiers, sabotiers, tanneurs, soudeurs, savonniers, ébénistes, métalliseurs… : l’artiste coopère avec ces corps de métier, sur le mode de la collaboration ou de l’échange de compétences. 


Avant de se tourner vers l’art, Nicolas Momein a été quelques années tapissier. Commentant une vidéo ancienne, dans laquelle il martèle une ligne de clous dorés le long d’une banquette écarlate, il s’amuse de ce « tapissier vaudou» qui avance avec des clous dans la bouche. Cette formation artisanale, longtemps tue et gardée souterraine, souvent convoquée dans des lapsus sculptés, ressurgit à présent de toute part. Transfuge professionnel navigant sans cesse entre des cultures high and low, l’artiste subvertit la distinction beaux-arts/artisanat qui continue d’exercer son lot d’empêchements. Assumant aujourd’hui cette provenance tapissière, certaines œuvres arborent avec fierté des exubérances dévoyant leur parenté minimaliste. Des cloques, des protubérances, des brillances, des fluorescences, des franges et d’autres fantaisies viennent travestir la sobriété attendue au profit d’un tournant domestique, grotesque, cartoonesque de l’œuvre. 


Le corps, humain, animal, est partout présent. Les petites sculptures de résine Knots (« nœuds »), boursoufflures colorées et plissées d’une sorte de nombril, forment une famille des moulages obtenus à partir de gants en latex, de bonnets de bain ou de préservatifs. Ailleurs, textile, garniture et châssis évoquent des peaux, des chairs et des squelettes. L’artiste opère des gestes d’incision, de suture et de garniture à mi-chemin entre tapisserie, peinture et sculpture. Des châssis rembourrés sont capitonnés de serviettes éponge, de draps bariolés et de jeans d’atelier peinturlurés (Bleu de travail) : le trousseau comme tableau. D’autres tableaux-reliefs sont intégralement recouverts de crin animal, de vache et de cheval mélangé, habituellement utilisé en tapisserie pour le rembourrage des fauteuils, ici dénudé en grandes toisons touffues (Crin - Un pré). Ailleurs, la toile de jute tendue à la surface de rembourrages sphériques arbore divers ornements : semences appointées, coutures apparentes et œillets métalliques (Du crin dans les yeux). 


Sans châssis ni rembourrage, les récents Bâtons de plis ne conservent que la « peau » des tableaux : le similicuir sur lequel l’artiste a d’abord appliqué peinture, sérigraphie et transfert est finalement découpé en lambeaux transformés en manchons, enfilés et plissés sur de longs « colliers ». Dès lors, ces mues ou scalps de peinture deviennent des fétiches : de joyeux trophées, victorieux du bon goût et de la distinction des genres. 



Hélène Meisel

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Ceysson & Bénétière Saint-Étienne

10 rue des Aciéries
42000 Saint-Étienne

+ 33 4 77 33 28 93

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Jeudi: 11:00 - 18:00
Vendredi: 11:00 - 18:00
Samedi: 11:00 - 18:00
Dimanche: Fermée

Exhibition Dates

12 décembre 2025 - 14 février 2026

Opening reception

12 décembre 2025 à 18h00