Christian Floquet

16 mars - 06 mai 2017

Christian Floquet

16 mars - 06 mai 2017




 Christian Floquet, sans nul doute, s'intéresse à l'histoire des formes abstraites, mais cette histoire n'est pas le sujet de sa peinture. Sa peinture entérine bien la perte du modernisme, mais ne s'en fait pas pour autant la déploraison. Elle tente au contraire d'en sauver l'essentiel : une morale de l'engagement doublée d'une forme de sincérité dans l'acte de peindre.

L'attention de Floquet se porte sur Claude Rutault et son approche conceptuelle du monochrome, sur la peinture discursive de son compatriote Remy Zaugg, et sur l'abstraction équivoque d'un Gerhard Richter : autant d'exemples, aussi précieux que différents, de démarches qui réinsufflent dans le médium traditionnel de la peinture des questionnements capables à plusieurs titres d'en soutenir la pertinence face à la posture anti-idéologique du post-modernisme.

Mais c'est à l'exposition personnelle que lui offre la galerie Marika Malacorda en mai 1985 que Floquet réserve les exemples décisifs de cette progressive affirmation de la géométrie. Il y montre des toiles où les formes, remplies par des couleurs beaucoup plus franches, se réduisent au triangle, au carré et au rectangle, et dont les effets de matière et de texture ont été bannis. 
Floquet commence à s'imposer certaines limitations récurrentes, incluant l'emploi de couleurs (de la dispersion, une peinture acrylique industrielle et bon marché) non mélangées, en quantité limitée, appliquées en couches maigres, et des délimitations linéaires aussi nettes que possible (le recours systématique au scotch, à partir de l'année 1987, permettra d'atteindre une totale perfection dans ce domaine). Les surfaces ne sont plus peintes à la brosse ou au pinceau mais au rouleau.

La question du geste continue en effet de tarauder Floquet, qui continue de vouloir en tenir l'expressivité à distance, sans renoncer pour autant à une peinture instinctive dont les idéaux ne semblent pas si éloignés de ceux d'une sorte d'action painting géométrique - un engagement sans épanchement. Il répète que « le geste en peinture, ce n'est pas le coup de pinceau », mais revendique le fait de produire, au même titre que l'expressionnisme abstrait, une peinture de l'instant : « Pour ma part, je cherche bien à montrer l'instant présent car peindre c'est réellement une tentative de vivre l'instant présent. Mais je veux le montrer par autre chose que le coup de pinceau. » « Mes toiles, ajoute-t-il, sont très construites mais je peux dire, sans que cela soit contradictoire, qu'il y a une part pulsionnelle dans mon travail. »

Quand il déclare, à la veille d'une nouvelle période de son travail : « Ce qui m'intéresse dans la peinture, c'est sa bidimensionnalité, sa planéité, la surface », il n'adopte pas le mantra par lequel l'abstraction moderniste déclare son caractère autoréférentiel. Il énonce surtout le cadre de contraintes, les prescriptions et les constantes à l'intérieur desquelles l'engagement du peintre va pouvoir opérer : plus que jamais, une géométrie de formes simples et clairement lisibles, structurées par l'angle droit basculé à quarante-cinq degrés pour entrer en opposition avec le système orthogonal du châssis, l'exclusion (à quelques exceptions près) de la symétrie, l'utilisation de couleurs industrielles appariées en teintes contrastantes, non mélangées et étendues en aplat, sans effet de brosse, en couches fines, sans empâtement ni transparence, sans que la matérialité du médium et le geste d'application soient perceptibles, et délimitées par des lignes tranchantes.


extrait de Christian Floquet, Engager la peinture, Arnauld Pierre, Éditions MAMCO, Genève, 2013 




Artiste de l'exposition : Christian Floquet


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
8 rue des Creuses
42000 Saint-Étienne

Horaires:
Mercredi – Samedi
14h – 18h
T: + 33 4 77 33 28 93