David Wolle
06 juin - 02 août 2015David Wolle
06 juin - 02 août 2015 La peinture de David Wolle relève du registre de la représentation sans jamais se référer directement au réel. Deux procédés permettent à l’artiste de personnifier ses motifs imaginaires, de leur conférer la même présence qu’un objet, une figure, un portrait. D’une part, Wolle les inscrit et les détache sur un fond panoramique comme autant de décalcomanies : le motif flotte, à la dérive, dans des atmosphères ou paysages incertains. D’autre part, il les élabore en amont du tableau, autrefois grâce à de petites maquettes fabriquées en pâte à modeler, à présent sur l’ordinateur par des jeux d’incrustation et d’altération d’images. Dans le travail du pinceau sur la toile, quelque chose perdure de ces pratiques ludiques : la tangibilité du modelage, les prélèvements et découpes du collage numérique.
De ses motifs inventés, Wolle transpose sur la toile leur statut, leurs surfaces et leurs matières ambigus : entre architecture et organismes vivants, pièce pâtissière et vaisselle rococo, ses formes étranges et mouvantes semblent constituées de la pâte même de la peinture. La fluidité de cette dernière, sa ductilité et ses couleurs acidulées mais instables, incarnent le sujet jusqu’à le conduire au seuil d’une difformité déliquescente et monstrueuse. Car si la virtuosité de la technique de la peinture à l’huile se met au service d’une affirmation de l’acte pictural comme représentation, c’est pour mieux explorer les confins de la vraisemblance et porter le sujet à la limite de sa propre disparition. Les tableaux de Wolle dépeignent ce qui n’existe pas encore : c’est le processus même de l’invention du vivant que la mimesis met en œuvre sur la toile.
Texte de Anne Giffon-Selle