Roland Quetsch

30 mai - 25 juillet 2015

Roland Quetsch

30 mai - 25 juillet 2015




 Fragmented mixtape

Roland Quetsch teste les possibilités et les limites potentielles de la peinture dans l'ensemble de son travail. Contrairement à l'abstraction pure et absolue, cette recherche considère la surface et son support d'égal à égal. En manipulant et en construisant ses propres supports, depuis 2000 désormais, Quetsch produit des œuvres qui résistent à une contemplation purement superficielle et qui mettent à l'épreuve aussi bien le regard que l'intelligence de celui qui regarde. Le principe de fragmentation - de la toile et parfois aussi des modules de couleur - crée un jeu subtil des surfaces et des espaces dans des tableaux en équilibre entre peinture et sculpture. Ses toiles forment souvent une série au sein de laquelle chaque unité individuelle joue un rôle distinct et indépendant bien qu'elle soit formellement cohérente et interconnectée aux autres.

Chaque œuvre de la série l consiste en une combinaison de deux surfaces qui dans un premier temps apparaît comme monochromatique. Elles se composent de dix rangées positionnées horizontalement, chacune étant composée de deux petites toiles de 20 x 25 cm et 20 x 50 cm. Une technique qui rappelle les structures architecturales et tout particulièrement les murs en briques, témoignant du vif intérêt de l’artiste pour le bâtiment et la construction. Sur certaines d'entre elles, la peinture est mate. D'autres présentent des finitions avec de la résine époxy, pour créer une surface réfléchissante. La force de ces travaux épurés réside essentiellement dans la combinaison de leurs couleurs, mise en place à différents niveaux et par plusieurs couches de peinture. Le vert et le bleu miroitent à travers le jaune, le rose et le rouge, à travers le bleu-violet foncé. Le spectateur fait une pause pour réfléchir et est obligé de se concentrer sur la surface afin de faire ressortir la subtilité des nuances.

La présence physique des oeuvres est non seulement due à leur importance en elle-même, mais aussi et surtout à la texture en relief des toiles. Les jeux d’ombre et de lumière sont les résultantes du support que Roland Quetsch élabore. Tout comme elle donne à la surface une qualité rythmique, la structure sous-jacente invite également à explorer la peinture et son effet sur celui qui la regarde, en fonction de l'évolution des conditions d'éclairage. Grâce à leur finition à base de résine époxy, les lignes horizontales formées par les petites toiles apparaissent comme autant de blocs de construction ou de fenêtres treillissées. La multiplication du reflet oriente délibérément le regard vers la construction sous-jacente et fragmentée.

Cette surface réfléchissante donne aux œuvres une dimension supplémentaire presque irréelle. La forme concave des petites toiles assemblées rehausse cet effet de miroir dans les surfaces desquels se reflètent ceux qui les regardent et l'espace alentour. La réflexion varie en force selon la couleur et la lumière. Le miroir et la surface réfléchissante permettent de se voir dans un lieu ou un espace dans lequel il est impossible d'exister physiquement au même instant. L'espace du miroir est un espace virtuel. Dans le même temps, la surface réfléchissante offre une extension au regard, ce qui nous permet de contempler notre environnement à partir d'une perspective autre.

Au cœur de la série I, ne réside donc pas seulement le principe de fragmentation mais aussi celui de multiplication. L'inclusion du spectateur et de son environnement implique une dimension sociale et résulte de l'intérêt de Quetsch pour la structure sociale de l'environnement urbain Les indéfinissables réflexions dans les panneaux de couleurs voyantes évoquent la tradition abstraite. Ni représentation ni interprétation, l'image réfléchie est une présence, une manifestation spontanée sur la surface de la toile, qui se déplace constamment au gré des mouvements de l'observateur. L'utilisation de la résine époxy et les surfaces réfléchissantes donnent à Roland Quetsch l'occasion de tester les limites de la peinture à un autre niveau. Tout comme il construit, personnalise des toiles et y applique de la peinture en plusieurs couches, la finition miroir est un autre moyen de projection de la couleur dans le travail. En agissant à de nombreux niveaux différents, la peinture invite l'observateur à plonger en elle et, comme l'artiste lui-même, à s'engager vis-à-vis du tableau et à réfléchir sur sa relation avec les gens et leur vie quotidienne.  




Artiste de l'exposition : Roland Quetsch


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
23 rue du Renard
75004 Paris

Horaires:
Mardi – Samedi
11h – 19h
T: + 33 1 42 77 08 22