Roland Quetsch

Né en 1979 à Luxembourg, Luxembourg.

Il vit et travaille à Luxembourg.



   Formation


Maitrise en Art Plastique à l'université de Strasbourg, France



   Présentation


Dans la plupart des œuvres de Quetsch, le choix des matériaux, la manière de les manipuler et les espaces ainsi créés constituent le contenu. L’avantage de conserver une forme traditionnelle comme la peinture, c’est qu’elle permet d’aborder la teneur, les tensions et la confusion de la vie d’aujourd’hui en adoptant un point de vue privilégié : celui du retrait méditatif et du théâtre sensoriel. Une charge psychique est ainsi créée, semblant mobiliser le passé tout en envisageant pleinement le présent.



Joe Fyfe, catalogue Roland Quetsch, Editions Ceysson, 2018 - extrait



Roland Quetsch est en premier (chronologiquement) un constructeur. Le traitement du support de ses peintures fait qu'elles s'apparentent d'emblée à des toiles construites, véritables objets picturaux dès lors, avec leur jeu de reliefs, avec l'opposition des bandes horizontales données a priori par la toile, leur régularité, et le quasi indépassable, en nombre, en fulguration, entrelacement, voire treillage, qui vient s'y superposer. De la sorte se trouvent créées d'innombrables ouvertures, toutes fortement animées, et une multiplicité d'espaces, se recoupant avec plus ou moins de profondeur, donnent à la toile sa vie, sa topographie. La qualité de l'art de Roland Quetsch, à défaut de parler de miracle, c'est que ces éclats, ces espaces brisés, lacérés, finissent par aboutir à l'unité ; des mouvements centrifuges n'altèrent en rien, au contraire, viennent souligner une forte concentration. Il est alors grand temps d'évoquer l'autre volet de cet art : Roland Quetsch est pour le moins autant un coloriste, ce qu'il manifeste avec un même bonheur dans le contraste comme dans le camaïeu. Il est décidément quelque chose dans cette peinture qui emporte, un ravissement (au sens premier du terme), il reste qu'elle est toujours marquée par autant de rigueur.


Texte de Lucien Kayser 2011 (Exposition Luxembourg - Salzbourg)

On note une résistance dans les peintures abstraites de Roland Quetsch. J’utilise ce terme – au sens d’une aptitude à résister, d’une volonté de contester ou de défier –, car s’il est évident que Roland Quetsch reprend certaines des contraintes qui accompagnent la peinture abstraite – forme rectangulaire, peinture sur support, non-référentialité, ambiguïté de la couleur –, il semble aussi déterminé à apposer sa marque en déformant ces conventions pour créer des formes manifestement moins familières.

Comme on le découvre dans l’entretien ci-après, Roland Quetsch relève ce défi en questionnant les artistes les plus progressistes des précédentes générations, citant entre autres le post-minimaliste allemand Blinky Palermo, à l’œuvre fulgurante, et l’Américain Frank Stella, figure emblématique du modernisme tardif.

Lors d’une exposition à la galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Étienne, on a pu observer que l’artiste exploitait la ressemblance de ses œuvres à des meubles renversés dont il exposait le châssis, retournant parfois la surface extérieure pour révéler le fond, ou permettant à la lumière de s’infiltrer à travers le support semi-transparent. Les œuvres étaient accrochées aux murs de la galerie de sorte qu’on pouvait voir le devant et le derrière de chacune, rendant problématique toute lecture immédiate. Ces réalignements physiques témoignent de l’intérêt continu de Quetsch pour les structures et les procédures formalistes. Il ne s’arrête pas là, mais tend de manière inattendue vers le baroque – style dont le nom provient de la description d’une perle imparfaite – pour atteindre l’ébauche d’une opulence.

S’il est une tradition de l’art abstrait qui rappelle l’œuvre de Quetsch, je dirais que ce dernier a des affinités avec certaines réflexions initiées par Hans Hartung, qui avait anticipé les problématiques contemporaines en termes de texture et de passage de la lumière. Hartung déclare un jour que sa peinture entretient « un rapport constant, mais très complexe, avec ce que l’on est convenu d’appeler la réalité extérieure ». De la même manière, les œuvres de Quetsch révèlent une autre caractéristique de l’abstraction contemporaine : un éloignement de tout lien de paternité vis-à-vis de l’œuvre, une mise en avant de l’aspect industriel des matériaux et des techniques, ainsi qu’un lien étroit entre espace intime et questionnement des vues et séquences, certains de ces éléments trouvant leur origine dans la photographie numérique et l’architecture.

La rencontre de Quetsch avec l’architecture remonte aux premières années de son travail, où il créait des modèles de maisons, parvenant à un ensemble de « simples surfaces », comme il les a décrites. Il s’agissait parfois de reproductions miniatures du sol d’une maison de cité. C’est de là qu’est peut-être né le travail qu’il conduira plus tard, quand il invente un moyen de reconstruire une surface à l’aide de modules qui donnent forme à la toile. S’ils ne présentent aucune continuité stylistique, ces modules (que l’artiste utilise dès 2003) offrent de nouvelles possibilités de métaphore structurelle : barrières, clôtures, fenêtres, surfaces de voitures ou d’objets en céramique, ou même barres chocolatées. On identifie nombre de ressemblances avec des objets du quotidien, tout en plongeant dans la projection contemporaine de l’état de rêve. En d’autres termes, Quetsch confronte le quotidien et l’inexplicable.

Dans la plupart des œuvres de Quetsch, le choix des matériaux, la manière de les manipuler et les espaces ainsi créés constituent le contenu. L’avantage de conserver une forme traditionnelle comme la peinture, c’est qu’elle permet d’aborder la teneur, les tensions et la confusion de la vie d’aujourd’hui en adoptant un point de vue privilégié : celui du retrait méditatif et du théâtre sensoriel. Une charge psychique est ainsi créée, semblant mobiliser le passé tout en envisageant pleinement le présent.

- Joe Fyfe


Roland Quetsch teste les possibilités et les limites potentielles de la peinture dans l'ensemble de son travail. Contrairement à l'abstraction pure et absolue, cette recherche considère la surface et son support d'égal à égal. En manipulant et en construisant ses propres supports, depuis 2000 désormais, Quetsch produit des œuvres qui résistent à une contemplation purement superficielle et qui mettent à l'épreuve aussi bien le regard que l'intelligence de celui qui regarde. Le principe de fragmentation - de la toile et parfois aussi des modules de couleur - crée un jeu subtil des surfaces et des espaces dans des tableaux en équilibre entre peinture et sculpture.

Ses toiles forment souvent une série au sein de laquelle chaque unité individuelle joue un rôle distinct et indépendant bien qu'elle soit formellement cohérente et interconnectée aux autres. L'importance de l'ensemble par opposition à l'individuel est particulièrement évidente dans les séries p.o.s.b. (« part of something big », 2009-2011) et f.o.s.b. (« fragment of something big », 2012), dont les titres parlent d'eux-mêmes. Le groupe p.o.s.b. consiste en un total de 75 toiles couvrant toutes les couleurs du spectre, à commencer par le blanc pour arriver progressivement au noir. Des alignements de petites toiles tendues, construites à la main, créent une structure à la surface rythmique. L'artiste applique les couleurs sur cette construction en plusieurs couches et les divise en secteurs géométriques, en les définissant et en les démarquant parfois avec des bandes collées au fur et à mesure de son travail. Mais les frontières sont poreuses ; les secteurs de couleur empiètent les uns sur les autres, et les éclaboussures et les gouttes de peinture sur la surface imprègnent fougueusement le tout de leur empreinte spontanée.

La base fragmentée, tout comme la surface déchirée et indocile, indiquent constamment à l'œil de nouvelles directions de lecture. Les yeux n'ont de cesse de réadapter en permanence leur champ visuel et la couche de couleur sous-jacente chatoie à travers la surface. Il semble presque impossible de saisir la composition dans son entier et toute la conjonction du support ainsi construit et de la surface ainsi déconstruite. La série f.o.s.b. repose sur un principe de construction et de déconstruction similaire de la surface et de la peinture. Du n°1 au n°10, toute la surface est peinte, tandis qu'à partir du n°11, des espaces blancs apparaissent par endroits, évoquant davantage de quiétude dans les compositions.

Ce démantèlement et cette reconstruction simultanés de la peinture dans l'œil de l'observateur est un principe dérivé de l'imagerie numérique. Bien qu'apparaissant comme un tout unifié, une image numérique n'est autre qu'une somme de millions de pixels juxtaposés. Seule la combinaison de tous les pixels permet de donner un sens à l'image. Pour Roland Quetsch aussi, la création artistique fait partie d'un plus vaste contexte : « mes tableaux sont des fragments, des parties d'un tout plus grand, des partie de peinture mais aussi des parties de vie, du monde. » D'un côté, l'œuvre de Quetsch est un ensemble cohérent et harmonieux dont le centre est toujours la peinture et son analyse. De l'autre, son travail est aussi étroitement lié à la vie elle-même. La richesse et l'immense potentiel de sa peinture ressortent clairement dans le contexte d'autres œuvres et d'autres séries, qui mettent en exergue d'autres méthodes et façons de travailler avec la toile et la peinture. Avec le temps et la production artistique en cours, le travail en tant que fragment de quelque chose de plus grand acquiert un sens encore plus distinct et plus profond.

Les œuvres de Quetsche sont souvent conçus pour former des groupes, et ils sont tous basés sur le principe de la construction et de la fragmentation du support et de la composition picturale. Et pourtant, elles ne se limitent pas répliquer des motifs ou à répéter des formes comme c'était le cas, par exemple, avec certains représentants du mouvement artistique Supports/Surfaces. En effet, les créations de Quetsch sont vraiment hétérogènes ; son travail présente de multiples facettes. À ses débuts, et parfois aussi plus tard dans sa carrière, il s'est également engagé dans la peinture figurative. Par exemple en 2008, avec son œuvre « Ohne Titel (Ich bin tot, der Hof ging an den ältesten Bruder, wasch noch deine Zähne und dann geh auch heim, A+) (Sans titre [Je suis mort, la ferme est revenue au frère aîné, lave-toi les dents et rentre chez toi, toi aussi, A+]). Elle se compose d'une grande toile tendue, fabriquée à la main, placée dans la salle d'exposition et représentant un cheval et son cavalier en blanc sur fond noir. L'homme représenté, qui n'est plus tout jeune, sur un cheval maigre, est une référence aux Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, par Albrecht Dürer, et parle de la mort et de ceux qui tentent vainement d'y échapper. Il est intéressant de voir que l'artiste dessine aussi avec d'autres techniques et utilise d'autres moyens d'expression de sa pensée artistique. Au cours des représentations, dans les vidéos et les compositions souvent ironiques du duo artistique Toitoi, le concept et la procédure sont au cœur des préoccupations.

Ses œuvres abstraites sont également vastes et complexes. Une évidence particulièrement flagrante dans les nouvelles séries Ǝ (2014) et l (2014). Les travaux de grande envergure de la série Ǝ rappellent la forme horizontale ou verticale de la lettre « E », avec chacune des toiles spécialement construites contenant deux ouvertures allongées ou des espaces au milieu. Pour chacune de ces œuvres, Roland Quetsch choisit quatre couleurs, après avoir exploré leur combinaison et leur effet sur de petites épreuves sur papier, qu'il appelle « colortests ». L'utilisation d'un très large spectre de couleurs donne à chaque travail une apparence qui le caractérise fortement. Les ouvertures, ces vides, correspondent aux zones blanches dans le groupe f.o.s.b. Elles constituent des espaces de repos pour le regard, permettant à celui qui observe, d'octroyer à ses yeux un instant de pause. En s'ouvrant comme autant de fenêtres sur le mur situé derrière, le plan sous-jacent, elles dilatent l'espace pictural qui rejoint alors une autre dimension en dehors du plan de l'image principale.

Chaque œuvre de la série l consiste en une combinaison de deux surfaces qui dans un premier temps apparaît comme monochromatique. Ici aussi, chaque œuvre se compose de plusieurs petites toiles alignées. Sur certaines d'entre elles, la peinture est mate. D'autres présentent des finitions avec de la résine époxy, pour créer une surface réfléchissante. Comme dans la série Ǝ, la force de ces travaux épurés réside essentiellement dans la combinaison de leurs couleurs, mise en place à différents niveaux et par plusieurs couches de peinture. Le vert et le bleu miroitent à travers le jaune, le rose et le rouge, à travers le bleu-violet foncé. Le spectateur fait une pause pour réfléchir et est obligé de se concentrer sur la surface afin de faire ressortir la subtilité des nuances.

Tant le groupe Ǝ que le groupe l ont des titres qui peuvent être décrits sans pour autant être clairement définis. « l » correspond aux lettres « i » ou « l ». C'est aussi toutefois une simple ligne verticale qui évoque inévitablement des artistes comme Piet Mondrian, pour qui la ligne verticale représentait un bipède, c'est-à-dire un être humain. Mais les titres sont aussi bien des expressions visuelles que verbales. Ils attirent l'attention sur la perception du spectateur. Des groupes d'artistes tels que BMPT et Supports/Surfaces considéraient la création artistique comme étant totalement indépendante de tout contexte personnel. Ils voulaient une peinture qui brave toute définition et toute connotation précise. Seul l'acte de contempler, dépourvu de toute interprétation, était important. Comme les travaux de Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni, les œuvres de Quetsch en appellent à la démystification de l'art. Et pourtant, certaines œuvres de la série l portent un sous-titre évoquant une image concrète : l 2 (un cochon dans le placard) ou l 6 (accrocs de l'asphalte). La première consiste en une surface noire et une autre rose ; la deuxième en une noire et l'autre grise. Avec humour et peut-être aussi un soupçon d'ironie, leur sous-titre évoque une association possible et laisse une porte ouverte à de multiples interprétations.

Mais surtout, on est frappé par l'irrésistible attraction qu'exercent ces œuvres, par cette présence physique que nous devons non seulement à leur importance en elle-même, mais aussi et surtout à la texture en relief des toiles. Certains artistes, comme Paul Klee qui apprêtait et texturait ses toiles avec du gypse ou de la gaze, étaient bien conscients de l'effet que pouvait donner un support préparé. À la fin des années 50, Günther Uecker couvrait la surface de ses toiles de clous, de sorte que leur relief et leur aspect obligent le regard du spectateur à bouger ; dans le même esprit, Enrico Castellani créait des textures rythmiques en martelant ses toiles de clous. L'ombre et la lumière ne sont pas créées par de méticuleuses gradations de couleur sur un plan bidimensionnel ou par un éclairage extérieur ; elles sont fermement ancrées dans la substance elle-même. Les toiles et châssis que Roland Quetsch fabrique à la main jouent un rôle semblable. Tout comme elle donne à la surface une qualité rythmique, la structure sous-jacente invite également à explorer la peinture et son effet sur celui qui la regarde, en fonction de l'évolution des conditions d'éclairage. Les lignes de raccord jetant des ombres ; des flaques de lumière sur les bords supérieurs des cadres en bois. L'effet de cette structure produite par les supports individuels est particulièrement évident dans la série I. Grâce à leur finition à base de résine époxy, les lignes horizontales formées par les petites toiles apparaissent comme autant de blocs de construction ou de fenêtres treillissées. La multiplication du reflet oriente délibérément le regard vers la construction sous-jacente et fragmentée.

La technique de Roland Quetsch témoigne de son vif intérêt pour le bâtiment et la construction, et donne à ses oeuvres une qualité sculpturale. Presque toutes les œuvres de la série l consistent en dix rangées positionnées horizontalement, chacune étant composée de deux petites toiles de 20 x 25 cm et 20 x 50 cm. Une technique qui rappelle les structures architecturales et tout particulièrement les murs en briques. Il est intéressant de noter à cet égard, l'une des premières œuvres de Roland Quetsch. Entre 2004 et 2005, sa préoccupation première concernait les logements au Luxembourg et les problèmes sociaux qui allaient de pair (tels que les loyers et les prix exorbitants). Il a recréé un immeuble résidentiel de la ville d'Esch-sur-Alzette à l'échelle de 1:10 (Sans titre [Maison 1, 1:10, B +, 2004]). En collaboration avec l'architecte Thierry Cruchten, il a conçu un système de modules pour construire des ateliers pour les artistes (Sans titre [Maison 2, construction en cours, A+B], 2005). Toutes ses œuvres ne sont pas accrochées à un mur - certaines sont sur le sol et jouent elles-mêmes le rôle de murs, comme son œuvre « Ohne Titel (Ich bin tot, der Hof ging an den ältesten Bruder, wasch noch deine Zähne und dann geh auch heim, A+) (Sans titre [Je suis mort, la ferme est revenue au frère aîné, lave-toi les dents et rentre chez toi, toi aussi, A+]). La peinture n'est donc pas un simple objet à contempler mais peut revêtir différentes fonctions en tant que partie intégrante de la vie elle-même. Sa relation avec l'espace en 3D est rehaussée quand les œuvres ne sont pas accrochées au mur de manière conventionnelle.

Si les travaux du groupe Ǝ rappellent des fenêtres, ceux de la série I pourraient être considérés comme des murs ou des fenêtres treillissées à carreaux concaves. Des artistes tels qu'Ellsworth Kelly se sont aussi inspirés de l'architecture et de ses structures. Ce qui intéressait surtout Kelly, c'était la structure physique de Paris et tout particulièrement ses fenêtres. Dans les œuvres abstraites, dépouillées, de la série Windows (fenêtres), il analyse les fenêtres à meneaux et leur représentation contrastant vivement avec la lumière. De la même manière, plus que des interprétations de ce qu'il voit, les œuvres de Roland Quetsch sont des constructions. Un détail sur un vieux mur, le jeu de l'ombre et de la lumière sur une surface uniforme, ou la juxtaposition d'un mur extérieur et du ciel - sont autant de potentielles sources d'inspiration pour les compositions de Quetsch. Alors que Kelly travaillait avec des limites nettes et éliminait de sa peinture toute trace de style personnel, les lignes et les confins de Quetsch sont plus perméables. Des stries et des sillons troublent la surface. Dans le l 3, la toile est poussée vers l'intérieur et perforée par endroits ; la moitié supérieure du panneau de droite du l 14 (Kabow) semble bouclée ou pliée. Les peintures construites témoignent ainsi d'un environnement réel qui accepte des irrégularités et qu'il est possible de déranger.

Et pourtant, l'utilisation de résine époxy et la surface réfléchissante qu'elle crée donnent aux œuvres une dimension supplémentaire presque irréelle. La forme concave des petites toiles assemblées rehausse cet effet de miroir dans les surfaces desquels se reflètent ceux qui les regardent et l'espace alentour. La réflexion varie en force selon la couleur et la lumière. Michel Foucault décrivait l'image reflétée dans le miroir comme étant une duperie, car elle est la réplique d'un objet ou d'une personne dans un espace différent de celui dans lequel il se trouve réellement :

Le miroir, après tout, c'est une utopie, puisque c'est un lieu sans lieu. Dans le miroir, je me vois là où je ne suis pas, dans un espace irréel qui s'ouvre virtuellement derrière la surface, je suis là-bas, là où je ne suis pas, une sorte d'ombre qui me donne à moi-même ma propre visibilité, qui me permet de me regarder là où je suis absent - utopie du miroir.

Le miroir et la surface réfléchissante permettent de se voir dans un lieu ou un espace dans lequel il est impossible d'exister physiquement au même instant. L'espace du miroir est un espace virtuel. Dans le même temps, la surface réfléchissante offre une extension au regard, ce qui nous permet de contempler notre environnement à partir d'une perspective autre.

Au cœur de la série I, ne réside donc pas seulement le principe de fragmentation mais aussi celui de multiplication. L'inclusion du spectateur et de son environnement implique une dimension sociale et résulte de l'intérêt de Quetsch pour la structure sociale de l'environnement urbain Les indéfinissables réflexions dans les panneaux de couleurs voyantes évoquent la tradition abstraite. Ni représentation ni interprétation, l'image réfléchie est une présence, une manifestation spontanée sur la surface de la toile, qui se déplace constamment au gré des mouvements de l'observateur. L'utilisation de la résine époxy et les surfaces réfléchissantes donnent à Roland Quetsch l'occasion de tester les limites de la peinture à un autre niveau. Tout comme il construit, personnalise des toiles et y applique de la peinture en plusieurs couches, la finition miroir est un autre moyen de projection de la couleur dans le travail. En agissant à de nombreux niveaux différents, la peinture invite l'observateur à plonger en elle et, comme l'artiste lui-même, à s'engager vis-à-vis du tableau et à réfléchir sur sa relation avec les gens et leur vie quotidienne.

- Florence Thurmes



La fragmentation reste un concept essentiel pour la nouvelle série de peintures en noir et blanc que Roland Quetsch présente au Centre d'art de Dudelange. Dans une continuation de la suite des p.o.s.b. (part of something big) ces nouveaux objets picturaux se détachent par leur renoncement aux stéréotypes de la perspective. Ces peintures sont un défi constant pour l'oeil, qui cherche à s'accomoder de ces oppositions de découpes et de surfaces, mais n'y arrive plus.

Comme des shrapnels de modèles géométriques disloqués, l'iconographie des f.o.s.b. (fragments of something big) fait irruption dans notre monde des organisations visuelles ordonnées. Ces agencements de grilles en noir et blanc qui simulent un espace pour, ensuite, mieux le faire éclater en pièces, sont le résultat d'un travail conceptuel consciencieux. Un travail de constructions et de déconstructions spatiales permanent, couplé avec une présence physique de la matière picturale qui renforce cette impression d'architecture impossible sur laquelle semble reposer une partie de ce travail. Roland Quetsch reconstitue ses compositions complexes à partir de détails de systèmes visuels ordonnés. Mais dès qu'il recadre, découpe et repositionne ses surfaces et ses grilles, cet ordre primaire disparaît et sombre dans une sorte de folie visuelle. A la base il y a toujours la construction des modules qui donnent corps à la toile. Il y a ici un constant refus de la simple surface plane. Le support de ces peintures est soumis à une physique toute particulière. Elle est la conséquence d'une tension issue d'un jeu de forces qui se développe à partir de la fabrication du support même.

Il y a aussi une présence physique par le côté massif de ces éléments de base, sortes de briques, qui fournissent un support dont le poids réel obtient une translation visuelle dans sa peinture. Cette construction des supports picturaux rend possible leur alternance systématique, déjà par leur configuration même. Cette alternance contribue aussi à dynamiser l'application de la couleur même. Les seules différences dans les nuances de blanc de cette série illustre le potentiel de contrastes possibles et la vibration optique qu'ils introduisent dans ces compositions empiriques. La matière des noirs et des blancs est changeante, les différents traitements des surfaces ne donnent pas simplement des contrastes binaires, mais plutôt une multitude de passages et d'oppositions entre surfaces mates et brillantes, entre déclinaisons de blancs plus ou moins purs, et de noirs profonds alternés avec des tonalités obscures chatoyantes.

Dans cette peinture, beaucoup de choses pourraient être prévisibles, mais en réalité, Roland Quetsch réussit un décalage permanent pour échapper à tout déterminisme, à toute règle qui conduirait à un académisme contemporain. En ce sens Roland Quetsch est un peintre qui se démarque, et qui reconstruit ses repères propres et individuels. L'élaboration même des ses peintures en devient le concept.

- Christian Mosar dans le catalogue de l'exposition au Centre d'art Nei Liicht
Expositions monographiques à la galerie
Roland Quetsch, Paris
17 février - 19 mars 2022

Roland Quetsch , Wandhaff
14 décembre 2019 - 15 février 2020

Roland Quetsch, Saint-Etienne
01 mars - 21 avril 2018

ROLAND QUETSCH, Wandhaff
25 mai - 29 mai 2016

Roland Quetsch, Paris
30 mai - 25 juillet 2015

Roland Quetsch, Luxembourg
08 février - 20 avril 2014

Roland Quetsch, Saint-Etienne
10 janvier - 10 avril 2013

Roland Quetsch, Luxembourg
08 mars - 05 mai 2012


Expositions de groupe à la galerie
10 ANS à Luxembourg, Wandhaff
02 juin - 04 août 2018

Diverses sont les lignes de la vie … Hölderlin, Wandhaff
10 septembre - 29 octobre 2016

La Ligne Passée, Luxembourg
30 juin - 16 septembre 2012



Expositions personnelles

2018
Paintings (we all share the same sun), Ceysson & Bénétière, Saint-Étienne, France

2016
Interlude O.P. 1 , Galerie Bernard Ceysson, Wandhaff, Luxembourg

2015
Fragmented Mixtape, Galerie Bernard Ceysson, Paris, France
Galerie Bernard Ceysson, Paris, France

2014
I, Saarländisches Künstlerhaus e.V. Saarbrücken, Allemagne
E, Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg

2013
Roland Quetsch (Out of the Dark), Galerie Schlassgoart, Pavillon du Centenaire, Esch-sur-Alzette, Luxembourg
F.O.S.B N°15 - 21, Galerie Bernard Ceysson, Saint-Étienne, France

2012
Oeuvres récentes, Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg, Luxembourg

2005
S.t. (maison 2, chantier ouvert), commissaire d'exposition : Enrico Lunghi, KIOSK, AICA, Section Luxembourg


Expositions collectives

2016
Diverses sont les lignes de la vie..., Galerie Bernard Ceysson, Wandhaff, Luxembourg
Non figuratif, un regain d'interêt ?, Abbaye St André - Centre d'art contemporain, Meymac, France
Art2cure Luxembourg, Fondation indépendance, BIL, Luxembourg, Luxembourg
The present is yours, the future is mine Cercle cité, Luxembourg, Luxembourg

2012
Making of, Casino Luxembourg - Forum d'art contemporain, Luxembourg, Luxembourg
La ligne passé, Galerie Bernard Ceysson, Luxembourg, Luxembourg
Oeuvres récentes, Galerie Dominique Lang / Galerie Nei Liischt, Dudelange, Luxembourg

2011
A vol d'artiste: Salzburg - Luxemburg, Traklhaus, Salzburg, Autriche
Nur die Guten kommen in den Garten, Konschthaus beim Engel, Luxembourg
A vol d'artiste: Salzburg - Luxemburg, BGL PNB Paribas, Luxembourg, Luxembourg

2009
Kunst-en-Zwalm, Zwalm, Belgique

2008
Time Square, Galerie Beaumontpublic, Luxembourg, Luxembourg
Festival arbres et lumières, Luxembourg, Luxembourg
Elo: Inner Exile -Outer Limits, MUDAM, Luxembourg, Luxembourg

2007
Agorafolly outside, Place du Finistère, Bruxelles, Belgique
Agorafolly inside, La Centrale électrique, Bruxelles, Belgique
Affinità-Diversità, Palazzo Albrizzi, Venise, Italie
Not Closed, Galerie Beaumontpublic, Luxembourg, Luxembourg
Multiplex en residence, LX5 Homebase, Luxembourg, Luxembourg
Ziel 1 = Kunst = Ziel 1, Nordico-Museum, Linz, Autriche
Roundabout - Refreshing Art, Rotonde 2, Luxembourg
2015
"Roland Quetsch I", Saarländisches Künstlerhaus Saarbrücken e.V., 20.11.2014 - 04.01.2015

2014
"Roland Quetsch Ǝ", Bernard Ceysson Gallery Luxembourg, 08.02.2014 - 20.04.2014

2013
"Roland Quetsch (Out of the dark) 16 paintings", catalogue édité à l'occasion de l'exposition "Out of the dark" à la Galerie Schlassgoart, Pavillon du Centenaire, Esch-sur-Alzette, Luxembourg, 22.03.2013 - 19.03.2013

2012
"Roland Quetsch, Billy the Kid", catalogue paru à l'occasion de l'exposition "Roland Quetsch - Billy the Kid" dans le cadre du projet "Making of" au Casino Luxembourg - Forum d'art contemporain, Luxembourg, 16.09.2012 - 16.12.2012
"Roland Quetsch: Recent works", catalogue paru à l'occasion de l'exposition "Recent Works" aux Galeries d'art Dominique Lang et Nei Liicht à Dudelange, Luxembourg, 2012

2011
"Roland Quetsch - A vol d'artiste : Salzburg - Luxemburg", Ed. Galerie im Traklhaus, 2011

2009
Kunst & Zwalm 2009, VZM Boem, 2009

2008
"Borderline", publié par Borderline, Luxembourg, 2007/2008
"ELO", Mudam Luxemburg, 2008
"Virdrun", Mudam Luxemburg, 2008
"Salon 2008", Cercle Artistique de Luxembourg, 2008
Rendez-vous, 10/2008, 12/2008
Flydoscope, octobre 2008

2007
"Visites d'Ateliers no. 4", mediart, Luxemburg, 2007
Agorafolly outside inside, europalia.europa and La Centrale électrique - European Center for Contemporary Art, 2007
"Roundabout - Refreshing Art", Rotonde 2, Luxembourg-Bonnevoie, 2007

2006
"L'art au Luxembourg, De la renaissance au début du XXI siècle", Fonds Mercator - Editions Schortgen, 2006
"My Home is My Castle", Galerie l'Indépendance, Parc Heintz, Dexia-BIL, Luxembourg, 2006
"Ziel 1 = Kunst = Ziel 1", Workshops 2004/2005/2006, 2006
L'ESSENTIEL - Luxemburger zerschneidet seine eigenen Werke - 2020
L'ESSENTIEL - Marlene Brey
06 fèvrier 2020
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ARTS LIBRE - À L'ÉTRANGER - 2020
ARTS LIBRE -
22 janvier 2020
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D'LETZEBUERGER LAND - Brelan de peinture - 2020
D'LETZEBUERGER LAND - Lucien Kayser
17 janvier 2020
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RTL - Exposition Roland Quetsch à la Galerie Ceysson - 2019
RTL - Jenny Fischbach
31 décembre 2019
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CHRONICLE - La Galerie Ceysson & Bénétière conclut l'année avec trois expositions - 2019
CHRONICLE - JCA
29 novembre 2019
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LE PROGRÈS - R. Quetsch, un art fragmenté et articulé - 2018
LE PROGRÈS -
20 avril 2018
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L'ESSOR LOIRE - Roland Quetsch chez Ceysson - 2018
L'ESSOR LOIRE - Daniel Brignon
24 mars 2018
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Luxembourg Art Week
09 novembre 2018
Diverses sont les lignes de la vie...
Diverses sont les lignes de la vie...
03 novembre 2016