Sculptures, matières, matériaux, textures...

10 septembre - 16 octobre 2016

Sculptures, matières, matériaux, textures...

10 septembre - 16 octobre 2016




 Notre galerie sait, elle aussi, être nomade. Nous saisissons, une fois de plus, une opportunité offerte par des collectionneurs attentifs à notre développement. Après le bâtiment qui nous a accueilli, depuis l’an dernier, en permanence à Wandhaff, voici que nous est offert, ouvert, dans un bâtiment neuf imposant, un lieu de 2 200 mètres carrés. Il s’agit d’un hall structuré par des arches de béton d’une portée spectaculaire. Ce hall culmine à plus de huit mètres et déploie, d’un seul tenant, deux espaces inscrits dans une même continuité spatiale soulignant la monumentalité de ce bâtiment industriel du XXIe siècle. Un mur de refend où se découpe une baie, un passage impressionnant, en béton brut, les lie, les organise et les détermine. Les autres parois sont faites d’éléments métalliques standardisés, mais d’un très beau design, comme la toiture plate que couronnent quelques sheds semi-cylindriques d’où coule une belle lumière zénithale. Quant au sol, il est en béton lissé impeccable. Bref un espace muséal qu’il ne convient pas de modifier. Qu’y exposer sans créer des partitions sans nécessité ? Des installations ? Certes ! Des sculptures ? Bien évidemment !

Un tel bâtiment expose franchement sa matérialité constituante et structurante. Sans brutalité, mais mise à nu dans sa vérité fonctionnelle. Radicalement. C’est donc la sculpture - une sculpture elle aussi, exposée dans ses configurations matérielles - qui doit occuper cet espace et y confronter ses emplois, ses usages de matériaux déterminant des configurations de formes génératrices de volumes et d’espaces pondérables.

Le thème de l’exposition que nous voulons y déployer, y installer, est donc défini par la matérialité de cet espace, son appareil d’acier et de béton. Nous sommes ici, de plus, dans un pays, une région, où l’on apprécie les matériaux, les matériaux que l’on sait y créer, y inventer, y façonner, principalement l’acier fait du minerai de fer extrait des terres rouges du Luxembourg et de la Lorraine et de la Sarre voisines pour, qu’articulés avec d’autres matériaux, puisse être bâti l’espace où nous vivons. L’exposition rassemble donc des sculptures, des œuvres, dont la matérialité est une matrice de formes exemplaires, même lorsqu’elle est masquée par son façonnage, la patine ou la peinture, ces peaux l’enveloppant, magnifiant la structure qu’elles ordonnent. Une peau donc, plutôt qu’une cosmétique. Aux formes, nées de l’acier, s’agrègent celles incarnées dans le bois, le plâtre, le carton, voire dans des tissus, du crin animal ou du sel pour animaux herbivores. Ces sculptures magnifiant ces matériaux, durs, mous, souples, manifestent ici ce que ce bâtiment affirme : toute création humaine est d’abord matière, même lorsque cette création est virtuelle. Ce sont des matériaux qui sont à la source du pixel et des flux lumineux qui visent, aujourd’hui, à ré-enchanter un réel qui, bien souvent, a perdu l’esprit de la matière et, bien sûr, le plaisir de ces rêveries élémentaires dont Bachelard s’est délecté. C’est, dans et par la sculpture, qu’elles peuvent encore structurer notre imaginaire. Mais, cette matérialité, pour y parvenir, encore faut-il, répétons-le, qu’elle soit façonnée, mise en forme, donnant vie à la forme qui nous la rend préhensible.

Cet exposé de principe est peut-être sommaire. D’autres critères règlent notre choix des œuvres qui y figurent. D’autres œuvres, d’autres artistes pourraient y figurer. Nous avons renoncé à faire de l’histoire et à nous limiter à un moment, à une tendance, à un courant. Nous avons fait un choix à partir de la réalité de ce lieu pour donner à voir à nos collectionneurs, nos visiteurs, des œuvres où, indubitablement, souffle l’esprit des formes et de la matière.

Bernard Ceysson

Ouverture de l'exposition :
du vendredi au dimanche, de 12h à 19h.

Adresse :
Rue de l'industrie L-3895 Foetz - Luxembourg