Franck Chalendard

Furtives. Peintures 2016-2023

15 septembre - 25 novembre 2023

Franck Chalendard

Furtives. Peintures 2016-2023

15 septembre - 25 novembre 2023




 

Franck Chalendard : l’abstraction dure endure

(…) Engagé dans l’abstraction pure et dure, Chalendard n’y a jamais dérogé. De décennie en décennie, son travail continue à se renouveler. C’est sa persévérance dans l’expérimentation qui lui confère cette grâce, ou peut-être l’impertinence de sa pertinence. Chalendard réussit la prouesse d’exploiter impitoyablement le régime ornemental – répétition, variation, coloris – sans que ses compositions constituent des motifs décoratifs. Au contraire, pendant toute une période, quand il a utilisé comme support les tissus d’ameublement édités par la maison Thévenon, il s’est donné à cœur joie de détruire le motif. Imprimés chics, jacquards sophistiqués, toiles de Jouy revisitées, c’est dans ce luxueux répertoire que Chalendard s’en prend à la joliesse et aux conventions du plaisir des yeux. On compte parmi ses expériences les plus réussies quelques tableaux peints sur une étoffe jacquard nommée « Baby ». Pas du tout destiné à la puériculture, ce tissage bouclette à haut relief sur fond toilé aux allures tweed accueille et assume un peu discret motif de labyrinthe noir.

C’est avec hardiesse que l’artiste rend inopérant le projet décoratif de ce motif et tous les autres supports détournés de leur vocation de textile d’ameublement. Pour contrecarrer tout potentiel ornemental du tissu « Baby », Chalendard emploie une facture presque langoureuse de taches de couleur et de lignes pas tout à fait droites. La toile est ainsi transformée en tableau.

Parmi les séries récentes, Wax et Batiks portent des titres qui évoquent aussi le textile, ceux venant d’autres continents, comme déjà les Madras de 2011. Les tissus batiks indonésiens et les wax africains utilisent tous deux une technique de teinture à la cire pour créer leurs motifs et dessins complexes. Le batik présente souvent des motifs javanais traditionnels composés de formes géométriques telles que des losanges, des triangles et des étoiles, ainsi que des motifs végétaux et animaux stylisés. Le wax africain va des symboles et motifs africains traditionnels à des motifs plus modernes et abstraits.

En fait, les Wax de dimension ambitieuse n’entretiennent qu’une relation distante avec les textiles africains. Il faudrait une culture de connaisseur et non de touriste pour discerner les points communs entre les formes de Chalendard et les motifs de pagne. En ce qui concerne les Batiks, la distance est encore plus grande : pas de congruence de formes et aucune comparaison possible entre les couleurs vives et contrastées de Chalendard et la tendance monochromatique des tissus javanais. Avec toutes ces évocations culturelles et géographiques, on court le danger d’être étoffé par ce genre d’inspiration décorative. Mais ce n’est pas le cas : car les titres de Chalendard sont un prétexte, voire une bonne blague. Il ne connaît rien à la chaîne ni à la trame, au bogolan ni au kente. Pour lui, les titres ne sont pas des indices pour guider le regard ; ils fonctionnent simplement comme des classeurs. Hanté par l’ambiguïté de l’espace du tableau, glouton des expériences visuelles, sensualiste dans sa facture, Chalendard n’est pas un beau parleur, mais un peintre.

Rachel Stella

 




Artiste de l'exposition : Franck Chalendard


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
10 rue des Aciéries
42000 Saint-Étienne


T: +33 4 77 33 28 93