Claude Viallat

Hors je

16 décembre 2023 - 17 février 2024

Claude Viallat

Hors je

16 décembre 2023 - 17 février 2024




 

Du 16 décembre 2023 au 17 février 2024, Ceysson & Bénétière Saint-Étienne réuni un ensemble d’œuvres réalisées par Claude Viallat depuis 2010.

Les guépards, léopards, dalmatiens, girafes, coccinelles et les toiles de Claude Viallat sont tous des supports couverts de taches assez régulières réparties de manière aléatoire sur leur surface. La taille, la forme, et leur densité contribuent à l'apparence distinctive et reconnaissable de l'individu parmi son espèce et favorisent son aspect visuellement intéressant.

Observez un troupeau de girafes dans la savane ou un ensemble de toiles de Viallat dans le parc artistique de Ceysson & Bénétière. Qui est le plus grand créateur, Mère Nature ou Papa Viallat ? Certes, les taches de la girafe sont intrigantes, belles. À force, on les trouve fonctionnelles. Leur irrégularité camoufle l'animal parmi la végétation, leur disposition unique identifie l'individu, et on découvre que leur couleur sombre permet la convection et ainsi la régulation thermique. Surtout elles bougent. Suivez mon regard. Et voilà Viallat !  

Accrochées aux murs ou posées sur le sol, ses œuvres n'ont jamais été cinétiques. Il n'y a rien de naturel dans cette création. Le vivant bouge ; mais l'art nous transporte. À la tâche depuis 60 ans, Viallat fait toujours travailler la toile pour lui. Cette inébranlable constance n'est autre que la force morale qu'il invoque pour laisser la toile se construire sans la provoquer. Cette persévérance dans ses moyens picturaux permet d'accueillir les hasards pour en faire des opportunités plastiques. 

À 87 ans, on pourrait penser que Viallat se laisse porter par son savoir-faire. Au contraire, les expériences des dix dernières années sont toujours plus audacieuses. On le connaît s'appropriant sans vergogne les plus divers supports : carpette, mouchoir, parasol, torchon, têtière, tente, rideau, parachute, drapeau. Cet éclectisme textile continue à s'exprimer dans les œuvres récentes. Constantes, elles restent libres et sans châssis. Mais la persévérance n'a rien d'un frein, et les œuvres récentes s'affranchissent davantage du format rectangulaire pour pousser plus loin les limites du shaped canvas. 

Un grand parapluie aplati est exploité comme un tondo hexagonal. Un morceau de toile rectangulaire joint à un demi-parasol n'a pas honte de ressembler à un gros slip ballant. L'horreur du vide semble surmontée aussi. De plus en plus de toiles se construisent de façon à laisser paraître un trou au milieu de pans de tissu pliés. Fréquemment, ce vide est exploité avec espièglerie. 

Prenez l'œuvre sur laquelle des bandes de jute sont attachées pour dessiner un rectangle avec une traverse noire à deux boucles reliées par un ourlet de pantalon en denim : c'est vraiment se moquer de l'image d'un châssis. Souvent, maintenant, le motif bénéficie d'une relative autonomie même si les formes interagissent entre elles et avec le support lui-même. 

Dans un entretien récent Viallat a résumé son travail en disant : « En fin de compte je fais de la peinture classique sur un support qui ne l'est pas. Cette contrainte crée un espace de liberté. Au lieu d'une toile idéale sur laquelle on serait tenté de faire bien, c’est-à-dire de travailler des lieux communs, j'ai une toile qui travaille pour moi. » De telle manière que la notion d'expérience esthétique s'intègre à la perception sensuelle et à sa relation avec l'état affectif de l'artiste. C'est peut-être le formalisme de l’aléatoire, si particulier à Claude Viallat, qui est si réjouissant pour nous.

Rachel Stella

 




Artiste de l'exposition : Claude Viallat


Informations Pratiques

Ceysson & Bénétière
10 rue des Aciéries
42000 Saint-Étienne


T: +33 4 77 33 28 93