Ceysson & Bénétière

« La question est de savoir comment nous pouvons personnellement contre-attaquer les horreurs du monde qui nous entoure sans faire un usage excessif d’alcool, de drogue, de télévision, cette dernières étant la malédiction que le chef Seattle nous avait lancée. La réponse est, bien entendu, de jouir d’une excellente santé physique et mentale. Nous sommes devenus comme ces super-héros virtuels des BD et des films, que les enfants et les politiciens aiment tant.

-Jim Harrison, « Here I Stand For A Few Minutes » (Brick, 2007)

Ceysson & Bénétière est heureuse de vous présenter Family Landscapes, l’exposition des nouveaux tableaux de Jesse Willenbring. Elle restera ouverte chez Ceysson & Bénétière New York du 16 janvier au 6 mars 2021. Il s’agit de la quatrième exposition de cet artiste auprès de notre galerie, et la deuxième chez Ceysson & Bénétière New York.

Navigant parmi des points de repères aussi reconnaissables qu’énigmatiques, ces nouvelles créations spontanées au trait énergique contribuent à l’utilisation que Willenbring fait des mythologies modernistes et traditionnelles comme fondement d’une éventualité post-post-picturale. 

Pour contre-attaquer la dure épreuve de l’année 2020, l’artiste a, sans surprise, renoué avec les principes fondamentaux : qui et où il était, ce qu’il peignait, ce que les gens pourraient trouver dans l’art en ce moment. Sans design, il s'est appuyé sur sa famille (le plus souvent sa fille de 4 ans, Sena) pour une collaboration sollicitée et fortuite. Des interprétations tendres des énergies et des fragilités humaines ont été progressivement cataloguées dans la quiétude et l'inquiétude de son intérieur et d’un atelier privé aménagé en plein air. Ses images ne sont pas seulement des instantanées et des impressions familiales, mais aussi l'insistance de la nature environnante de l'Arizona, avec ses désert de livres d'images, ses « cauchemars » climatisés, ses étendues urbaines et ses régions boisées fort peu peuplées. La nature et ses vicissitudes humaines président à une troublante réalité.

Amplifiées par le confinement imposé, la famille, la créativité et l’imagination se fondent dans un corpus richement intime. Là où l’on pourrait facilement reconnaître le clown au nez froncé de Picabia comme remplaçant de tout artiste s'adaptant maladroitement à l'absurdité de notre temps, on pourrait aussi discerner des glyphes et des récipients religieux, flirtant avec la raison, le style et la désinvolture. La ligne et la couleur n'ont rien de nouveau en peinture ; Willenbring les traite avec soin, chaque toile étant un tabernacle provisoire pour l'étude, la restriction, le soulagement et la libération, fidèlement formé au-delà des dépendances contemporaines de ce que l'on appelle désormais « l'ironie ».

Jesse Willenbring (né en 1980) vit et travaille en Arizona, entre Phœnix et Greer. Il a obtenu son BFA (Diplôme d’études post-secondaire en beaux-arts) en 2006 et sa MFA (Maîtrise en Beaux-Arts) en 2010 au Hunter College de New York. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions individuelles chez Ceysson & Bénétière (Paris, Saint-Étienne et New York), Thomas Duncan Gallery (Los Angeles) et Laurel Gitlen (New York). Willenbring a également participé à de nombreuses expositions collectives et collaboratives, ainsi que récemment à des présentations au Rainbow In Spanish (Los Angeles), Blum & Poe (Los Angeles), Non-Objectif Sud, Tulette (France) et the Institute of Contemporary Art, (Philadelphie). L’automne dernier, il a inauguré The Sunset Sport, un espace de projet animé par des artistes, situé à Phœnix (Arizona). Il a conçu de nombreux livres d’artistes, en étroite collaboration avec Darren Bader, Justin Beal et Karl Haendel, pour n’en citer que quelques-uns. Parallèlement à cette exposition, Willenbring publie Shaman (tiré à 100 exemplaires), un zine né de la collaboration avec les artistes Joseph Montgomery aux éditions Montgomery, Lie Lay Lain.

Darren Bader, Décembre 2020